L’heure est grave. Dans une période où les salles de cinéma sont fermées pour une durée indéterminée, l’Homme en Bleu a le blues de l’ambiance bien particulière de ces lieux où la magie opère à coup sûr. Alors que certains se sont abandonnés au plaisir des plateformes à la demande, d’autres initiatives apportent du baume aux cœurs à tous les cinéphiles en perdition. C’est le cas des “apéros avec le cinéma Italien”, portés par le réseau informel de plusieurs cinémas de la région, divers partenaires du milieu et Nicola Curtoni, médiateur cinéma pour l’organisation de ces rendez-vous.
LHEB : Bonjour ! Est-ce que tu veux te présenter, pour en savoir plus sur toi ?
Nicola : Eh bien, je m’appelle Nicola Curtoni, je suis médiateur cinéma en Haute-Vienne. Mon travail consiste à proposer des événements, des animations, des ateliers et des rencontres pour permettre d’être en lien avec un réseau de cinémas et ses publics. On retrouve au sein du Réseau 87, quatres cinémas : celui de Saint-Junien, Saint-Yrieix-la-Perche, Saint-Léonard-de-Noblat et Eymoutiers. Plus personnellement, je suis d’origine italienne, ce qui n’est pas anodin avec la thématique dont on va parler !
LHEB : C’est une transition toute trouvée justement : pourquoi avoir proposé des rendez-vous sur le cinéma Italien ?
Nicola : *rires* déjà pour cette première raison ! Mais lorsque je suis arrivé dans la région en septembre, il a rapidement été proposé de travailler avec l’association de culture italienne Dante Alighieri de Limoges. L’idée était de créer, malgré la covid, des moments de convivialité autour du cinéma italien. En avril, cela se déroule tous les jeudis soir à 18h30 sur Big Blue Button.
Le format permet ainsi de contourner l’impossibilité de les réaliser dans les salles de cinéma. Chaque rendez-vous présente une période glorieuse en compagnie d’experts afin de se plonger plus profondément dans la culture de l’époque. Nous en sommes ainsi à la deuxième saison et on observe encore plus de profils chez nos experts, comme chez nos publics.
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LHEB : On retrouve par exemple beaucoup de professeurs de l’Université de Limoges d’ailleurs. Comment s’est fait le lien ?
Nicola : Tout simplement car à la base du projet, il y a eu la participation de Diane Bracco qui est professeure à l’Université de Limoges. Vu que celle-ci est d’origine italienne ET spécialiste du cinéma Italien et Espagnol, cela a permis d’intéresser d’autres de ses collègues à participer aux rencontres en Février (lors de la première saison). Vu que tout s’est bien passé, ils se sont dits être intéressés, pas seulement en tant que professeur, mais en tant que cinéphiles passionnés de cinéma de genre. Dans ces intérêts, on peut citer le Western Spaghetti, le Giallo, le cinéma d’épouvante ou encore le Thriller. Donc on a eu plusieurs propositions de gens pour construire de nouvelles soirées, sans que cela soit académique mais beaucoup plus informel et convivial. On était bien contents.
LHEB : Quel est l’ambiance générale lors de ces rendez-vous ?
Nicola : On prend le temps de discuter avec les participants, d’ailleurs leurs questions sont parfois plus larges que le sujet central : la société italienne, la période et les goûts de chacun. L’objectif est avant tout de rendre cela accessible et passer un bon moment. On ne souhaite pas devenir un lieu pour les spécialistes du cinéma italien ! Plutôt, être un rendez-vous populaire pour le cinéma tout court où l’on peut prendre l’apéro !
LHEB : Comment s’est déroulé l’ensemble des rendez-vous depuis le début ?
Nicola : En Février, il y a eu 4 apéros réunissant environ 70 personnes du Limousin mais également de plusieurs associations de culture Italienne de France. Cela nous a encouragés à réitérer l’exercice en attendant la réouverture des salles. Ce qui plaît aux gens, c’est de se retrouver et trouver quelque chose qu’ils connaissent en tant que cinéphiles. Jeudi 15, il s’agissait du western Spaghetti et la semaine dernière, c’était le Giallo où l’on a parlé de Dario Argento, Mario Bava qui sont des noms que les gens peuvent connaître en France.
On demande aux participants, comme aux experts de préparer l’apéro chacun chez soi, ce qui renforce le plus possible le lien et qu’on se sente comme dans un bar à parler tous ensemble du cinéma.
LHEB : Prévoyez-vous la suite de ces rencontres, comme par exemple, une saison 3 ?
Nicola : On l’espère en effet…mais dans les salles de cinéma ! Pour l’instant, on a un programme jusqu’à fin avril 2021 et on espère que les salles rouvriront vite pour continuer de parler de cinéma en chair et en os. Ce serait l’occasion de débattre, parler des films proposés par le Réseau 87 de façon conviviale et ouverte à tous. Après, si le confinement se poursuit, nous avons toujours des périodes à explorer pour une nouvelle saison. J’aimerais bien inclure des quizz autour du cinéma Italien; voire une soirée plus décalée encore.
Les vrais avantages de ces rencontres, c’est notamment nos intervenants : on va recevoir un réalisateur du nom de Danilo Caputo qui nous parlera de son film “Sème le vent” par exemple. D’autres rencontres ont été l’occasion de se plonger dans des images d’archives et sur du cinéma italien professionnel , à l’image de Federico Ferrone qui fut accueilli pour « Images d’archives et nouveaux cinéastes : l’Italie a fière allure” en février. Rencontrer un réalisateur est quelque chose que le public aime bien et qui demeure toujours assez précieux.
LHEB : Il est possible de suivre les rediffusions ?
Nicola : Tout à fait ! Dans le lien pour accéder à l’apéro, les gens peuvent retrouver l’enregistrement de tous les rendez-vous passés; ceux de février mais aussi ceux d’avril. Un bon moyen d’écouter à nouveau les thématiques exposées.
LHEB : Une réflexion sur le cinéma en ce moment ?
Nicola : C’est important que les gens participent à ces rendez-vous. Ils nous donnent l’énergie de continuer à proposer des initiatives. La place du cinéma et de la salle sont essentielles pour comprendre notre société. On a l’impression de subir un flux d’images incessant de tous les côtés aujourd’hui. Le cinéma, lui, est là pour guider le spectateur grâce aux choix éditoriaux des directeurs de salles. Ces choix aident à voir et comprendre plus facilement le monde et nous-mêmes dans une certaine mesure. Cela nous touche et nous donne de l’émotion, ce qui demeure primordial dans notre consommation médiatique actuelle où tout va assez vite.
LHEB : Tu veux nous parler un peu de ton parcours cinéphile peut-être ?
Nicola : Oui ! J’ai étudié l’histoire du cinéma à l’Université de Bologne, en Italie. A la suite de ça, j’ai travaillé en tant que service volontaire européen dans un lycée. J’ai découvert plus tard la gestion d’exploitation des salles de cinéma. J’ai pu me former sur la promotion d’un film, travailler dans un cinéma et découvrir les métiers derrière. Mais par rapport à mon parcours plus personnel de cinéphile, j’aime bien le cinéma européen, les films de Godard; des Frères Dardenne, le cinéma d’auteur, etc. Même aujourd’hui, cela reste au centre de mes goûts actuels.
LHEB : Comment vous retrouver sur les réseaux ?
Nicola : Toutes les informations sont sur le site de la Dante Alighieri de Limoges et les pages facebook des quatre cinémas du Réseau 87.
Pour participer aux apéros en ligne, rien de plus simple :
- A côté du bouton “Démarrer”, entre ton prénom. Ensuite clique sur “Démarrer”
- A la question “Voulez-vous rejoindre l’audio?” clique sur “Écoute seule”
- Prévois ton meilleur jus de raisin et profite du moment.
Cependant, si le cinéma est ta passion, l’Homme en bleu te propose ce bon-plan ou une liste de contenus à suivre en Limousin, histoire de ne jamais t’ennuyer !
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