Conversation(s)

Conversation(s) avec : Alexis Parenté

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Après avoir étudié les étoiles avec François Reynaud, décrypté les chromosomes avec Catherine Yardin, l’Homme en Bleu poursuit son tour des chercheurs de l’Université de Limoges.

Cette fois, c’est vers la Biologie qu’il s’est tourné. Avec quelques vagues souvenirs des cours de SVT de 3e, l’Homme en Bleu a donc enfilé sa plus belle blouse blanche pour partir à la rencontre d’Alexis Parenté.

Originaire du Lot, mais Limougeaud d’adoption depuis 10 ans, Alexis travaille sur le muscle. Un sujet qui lui a permis, l’an dernier, d’accéder à la finale nationale du concours “Ma thèse en 180 secondes”. Un défi que l’Homme en Bleu n’a pas relevé, car c’est pendant 40 minutes qu’il a taillé la bavette avec Alexis !


LHEB : Bonjour Alexis Parenté. Première question toute simple mais importante, qui êtes-vous ?

Alexis : Je suis Alexis Parenté, doctorant en dernière année de thèse de biologie. Je suis en 4e année. Normalement, cela se fait en trois ans, mais j’ai eu droit à un financement supplémentaire par la fondation de la recherche médicale. Ils ont bien aimé mon travail et du coup, j’ai rempilé pour un an. Je soutiendrais ma thèse fin septembre 2019.

LHEB : C’est la dernière ligne droite ?

Alexis : Oui. Je suis en pleine écriture de thèse et en train de chercher mon jury. Mais en plus, je donne des cours à la fac et je continue les recherches. Quand on est chercheur, on est un peu comme des journalistes, on cherche des scoops. Et quand on en trouve un, on le publie dans des journaux spécialisés pour que la communauté scientifique puisse le voir. J’en suis à mon sixième article [NDLR : Qui est en cours de rédaction].

Le labo où Alexis a passé ses 4 ans de thèse (aka “sa deuxième maison”)

LHEB : La biologie, c’était toujours dans ta tête ?

Alexis : Oui, j’aime la science et surtout la science concrète car les gens en comprennent vite les enjeux quand j’en discute avec eux.

LHEB : Mais c’est quoi la biologie ?

Alexis : Je suis un biologiste animal donc j’aurais tendance à dire que c’est la science du corps. Mais attention, il ne faut pas dire ça car il y aussi la biologie végétale. En résumé, c’est la science de la vie avec un grand “V” !

LHEB : Et dès la première année, tu voulais faire de la recherche ?

Alexis : C’est arrivé au fil du temps grâce à des rencontres et des enseignants qui m’ont poussé comme Véronique Blanquet, qui m’a donné envie de m’intéresser à l’étude du muscle, et Laetitia Magnol, qui sont mes deux directrices de thèse

LHEB : Justement, qu’est ce que “L’Étude de la variabilité phénotypique du développement musculaire” ?

Alexis : En fait, on essaie de trouver des protéines qui permettent de redonner de la force musculaire. Ensuite pourquoi la variabilité ? Car, il existe près de 300 pathologies liées aux muscles. On peut parler de la myopathie, connue grâce au Téléthon ou bien de la sarcopénie, qui est une diminution des capacités musculaires due à l’âge. Le but est de trouver des molécules qui offriront la possibilité à ces personnes malades de retrouver de la force musculaire.

LHEB : Tu cherches donc une protéine fabriquée par notre corps ?

Alexis: Exactement. On travaille sur une protéine qui existe déjà en nous : la myostatine. Cette dernière bloque le développement musculaire. Si on ne l’avait pas, on serait tous très très musclés. Le but dans nos recherches est de stopper cette protéine chez les personnes malades afin de développer à nouveau leurs muscles.

LHEB : En gros, on va chercher cette protéine, on la bloque et hop, on reprend du muscle ?

Alexis : C’est ça. Elle inhibe les muscles et c’est pour cela qu’elle est souvent détournée par les culturistes.

LHEB : Et aujourd’hui, tu as bien avancé ?

Alexis : Oui bien sûr. Ce qui est bien c’est qu’il y a beaucoup de questionnement encore. Par exemple, on a bossé avec des souris et on a constaté qu’il y avait des effets secondaires en les traitant avec une certaine protéine. On repart donc à l’autre (ndlr : il travaille sur deux protéines qui permettent de bloquer la myostatine : gasp 1 et gasp 2).

Squelette d’une souris qui permet aux chercheurs de voir s’il y a des anomalies squelettiques sur l’animal.
Une découpe d’un muscle d’une souris qui une fois regardée au microscope permet de mesurer la taille des fibres musculaires et de voir si le blocage de la myostatine est efficace sur cette souris.

LHEB : Quand on fait de la recherche, on s’imagine en sauveur ou en soigneur ?

Alexis : Nous ne sommes pas des supers-héros. On se pose juste des questions et on essaie d’y répondre. Après, comme tous métiers, je ne pense que l’on doit se lever le matin en se disant que l’on est un super-héros. On apporte juste une petite pierre à l’édifice de la recherche et on trouvera une chose qui permette à une autre équipe, ailleurs dans le monde, de trouver autre chose. Bref, c’est l’ensemble qui fera avancer la recherche.

LHEB : Et toutes tes recherches seront dans ta thèse en septembre prochain, que tu ne présenteras pas en 180 secondes. D’ailleurs, c’était comment cette finale nationale, l’an dernier ?

Ceci n’est pas du stand-up

Alexis : C’était une super expérience, on était fier de montrer qu’à Limoges, il se passait des choses. Ensuite, par rapport à mon travail, c’était primordial d’être là car c’est important de montrer et d’expliquer simplement aux gens ce que l’on fait.

LHEB : Il y a un déficit de notoriété dans la recherche ?

Alexis : Quand on me demande ce que je fais, j’ai toujours droit à la même réponse, “Beh, tu cherches mais tu ne trouves pas”. Je ne sais pas pourquoi, mais en France, il y a un problème là-dessus. Dans les autres pays, les chercheurs sont docteurs et c’est même inscrit sur les cartes d’identités. On a du mal en France et c’est pour ça qu’il faut vulgariser au maximum la science afin de redorer son blason.

Destination Prix Nobel de physiologie !

LHEB : Il y a 10 ans, tu arrivais à Limoges, tu regrettes pas ton choix ?

Alexis : Pas du tout. Je m’éclate. L’autoroute est gratuite jusqu’à chez moi. Les loyers sont accessibles et Limoges est une ville vraiment top dans laquelle on trouve ses marques très vite. J’ai toujours la même comparaison des grandes villes avec Limoges. Les grandes villes, c’est comme un supermarché. On trouve de tout, mais tout va trop vite. Alors que Limoges, c’est la supérette du coin. Il y a moins de produits mais on prend plus le temps de vivre, d’être jovial et au final, on trouve toujours notre bonheur.

LHEB : Mais il y a des choses moins cool à Limoges ?

Alexis : Oui, le train. Je monte souvent à Paris et c’est un peu long quand même. On rêve de l’Hyperloop ! *rires*

LHEB : Tu as envie de rester à Limoges alors ?

Alexis : Je suis bien ici. Si on me le propose, je signe dès demain.

LHEB : Et quand on est à Limoges, on est plus Limousin ou Nouvelle-Aquitaine ?

Alexis : Limousin. On essaie encore même s’il faut juste s’ouvrir un peu, on ne peut pas rester qu’entre nous. C’est comme en recherche, il faut faire des collaborations. Il faut être fier de rester à Limoges mais ne pas hésiter à aller vers les autres aussi.

Kévin
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1 Comment

  1. Super, ça fait du bien à Limoges ce genre de profil ! Bon continuation Monsieur

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