L’Homme en Bleu, s’intéressant de près à l’artisanat d’art, est allé à la rencontre des artistes de l’Atelier du vitrail, situé 10, rue Fernand Malinvaud à Limoges.
Immersion dans une entreprise centenaire qui sublime notre patrimoine.
Les origines de l’Atelier du vitrail
L’Atelier du vitrail existe depuis plus d’un siècle ! C’est Francis Chigot, maître verrier, qui a fondé cet Atelier en 1907 rue des Allois, dans le quartier de la cathédrale.
À sa mort en 1960, les artisans de l’Atelier on eu l’initiative de reconstruire un bâtiment rue Malinvaud, conçu spécialement pour réaliser des vitraux, entièrement faits à la main, du dessin à la pose.
L’entreprise centenaire porte bien son nom tu l’auras compris, puisque ses missions gravitent autour de la création et de la restauration de vitraux.
Reconnue pour son expertise, elle est souvent sollicitée par le monde privé comme le monde institutionnel pour restaurer et créer des vitraux d’édifices religieux et profanes.
Une demande qui s’exprime partout en France, mais aussi à l’étranger !
Dans quels lieux à Limoges peut-on retrouver leurs créations et restaurations ?
Et bien mon p’tit loup, on peut les retrouver dans beaucoup de lieux emblématiques !
Parmi les créations limougeaudes, on peut compter : La Chapelle de la Visitation, le Sacré-cœur, l’Hôtel de ville, les Prud’hommes, la crèche d’Esquirol (création moderne).
À la Gare des Bénédictins, l’équipe de l’Atelier du Vitrail s’est attelé à un gros chantier en s’attaquant à la foisà la conception de nouveaux de nouveaux vitraux et aussi à restaurer des plus anciens, auparavant créés par le maître verrier Francis Chigot.
Maintenant que l’on a fait un petit tour sur l’histoire et les activités de l’Atelier du Vitrail, l’Homme en Bleu a voulu aller plus loin.
Il te propose maintenant de suivre étapes par étapes la réalisation d’une pièce !
La réalisation du dessin : le tracé
La création commence par un tracé des motifs à petite échelle, sur une maquette.
Si la commande est validée par notre client, nous commençons alors à réaliser le motif à l’échelle réelle. Pour avoir l’espace nécessaire, nous nous installons sur cette longue table, de la grandeur moyenne d’une baie d’église.
Le dessin grandeur nature est long et minutieux à réaliser (il peut prendre en moyenne 1 à 2 semaines selon sa complexité).
La difficulté est aussi de respecter les dimensions du dessin au millimètre près, pour que les traits des différentes sujets du vitrail se coordonnent et puissent créer un ensemble harmonieux !
La sélection des verres
Nous choisissons les plaques de verres selon leurs couleurs et leurs épaisseurs. Nous nous fournissons à la verrerie de Saint-Just-Saint-Rambert, ce sont des verres 100 % artisanaux ! La pièce de verre est colorée en mélangeant des oxydes de métaux au moment où le verre est en fusion.
Il nous est parfois compliqué, dans une restauration, de retrouver les mêmes gammes de couleurs de verres que celles utilisées autrefois. Mais nous essayons de nous rapprocher au plus possible de la création initiale.
Le calibrage
Les gabarits en papier vont ensuite nous guider pour créer la pièce de verre selon la forme souhaitée. Avec des ciseaux à 3 lames, nous découpons les gabarits en papier un par un. La troisième lame prend en compte l’espace nécessaire qu’il faut pour ajouter les barres de plomb entre les pièces de verre. Ces barres viennent souder les pièces entre elles, leur présence est donc primordiale !
La coupe
Quand le gabarit est déposé sur la plaque de verre, nous découpons la forme à l’aide d’un coupe-verre : cet outil fait vibrer les molécules de la plaque de verre qui cède alors facilement une fois le geste effectué sur la plaque.
La peinture
On passe ensuite à la peinture des pièces de verre. Nous réalisons les motifs en négatif, avec un système de pochoir. Comme dans un puzzle, nous remettons en place les pièces au fur et à mesure qu’elles sont peintes, pour avoir une idée progressive du rendu de la baie.
Si un motif ornemental se répète plusieurs fois sur une même baie, on le reporte sur un calque. On place ensuite ce calque sous chaque pièce à peindre en guise de guide. Cela permet d’avoir une répétition de motifs plus uniforme et régulière, pour une meilleure harmonie générale.
Nous pouvons effectuer des “retouches à froid in situ” : une fois les panneaux posés, il arrive en effet que l’on fasse quelques retouches de peinture directement sur place (si nécessaire). Ces retouches sont réversibles, puisqu’elles ne comportent pas de cuisson.
L’assemblage
Une fois toutes les pièces prêtes, nous les reconstituons à plat sur la table en suivant le dessin initial.
La cuisson
Puis, une cuisson de 600° au four est faite pour fixer la couleur et fusionner la grisaille avec le verre. Nous appliquons la grisaille sur l’envers du vitrail, ce qui donne du relief et du contraste à la peinture. Elle sera alors sublimée dans la lumière.
Le montage / le sertissage
On monte ensuite la composition en ajoutant les baguettes de plomb entre les pièces, à l’emplacement qui leur a été dédié.
La soudure
Nous soudons ensuite les baguettes aux intersections.
Le masticage
Puis, pour améliorer l’aspect, nous les lissons avec du mastic (à base d’huile de lin, blanc de meudon).
Le séchage
Enfin nous mettons la pièce à l’air libre pour sécher le mastic et consolider la création.
La pose du vitrail
Nous posons enfin le vitrail avec précision dans l’endroit voulu : la baie est lourde, il faut qu’elle s’installe parfaitement dans l’ouverture du bâtiment !
Et pour finir ….
LHEB : Quand êtes-vous sûrs qu’une pièce est réussie ?
L’Atelier du vitrail : Dans la restauration, une pièce est réussie lorsqu’on ne perçoit pas qu’il y a eu une intervention dessus. Il est important d’obtenir un rendu le plus proche de l’original, dans le style de l’époque comme dans la forme.
Quand c’est une création, le défi est relevé si la pièce s’intègre à l’architecture et à la configuration du lieu. La pièce prend alors en compte la lumière qui traverse le vitrail : en effet, si la façade est très éclairée on ne travaillera pas le verre de la même façon que si la baie doit être sur une façade toujours à l’ombre. Il y a aussi le choix du bon motif, celui qui mettra en valeur la hauteur de la baie. Il faut que les motifs soient visibles d’en bas et bien lisibles.
- L’Atelier du vitrail, 10 rue Fernand Malinvaud, 87 000 Limoges. Tél : 05 55 30 31 89.
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