Conversation(s)

« Un certain regard » sur le Limoumou #5 : Laurence

0

L’Homme en Bleu n’arrête jamais de se balader : il est fait comme ça ! En pédalant, il faut être attentif. Le long de ta route, tu peux facilement tomber sur quelqu’un que tu ne connais pas. C’est le cas de l’Homme en Bleu, qui, en plus de bouger tout le temps dans ton beau Limoumou, est assez curieux. Imagine qu’il rencontre des gens qui ne sont pas originaires d’ici : il aura bien envie de bavarder avec eux, pour changer ! Cette fois, l’Homme en Bleu est parti donc direction l’Angleterre. Il voulait discuter avec Laurence, qui a traversé la Manche il y a quelques années et maintenant vit et travaille dans la région. L’Homme en Bleu speaks English parfois, mais là, après des kilomètres et des kilomètres à vélo, ce n’était pas possible, trop de fatigue : tant mieux pour Laurence !


Limoges en vue pour le young Laurence

LHEB : Salut Laurence, ça fait longtemps que tu vis à Limoges ?

LAURENCE : Je suis arrivé en Haute-Vienne en 2005. Si tu penses qu’à l’époque, j’étais en 4ème… J’ai passé la plupart de ma vie ici ! En réalité, d’abord ce n’était pas Limoges : ma famille avait décidé de s’installer près de Saint-Léonard de Noblat, puis on a emménagé à Châteauneuf-la-Forêt. Ma première fois à Limoges remonte à 2008, c’était la période d’internat au lycée. J’ai continué mes études ici, puis à Brive. Ensuite je suis revenu, bien que je travaille à Saint-Junien, dans une entreprise dont je suis responsable du développement commercial. Je peux dire que je connais bien la région (rires).

LHEB : Je m’en doute ! Est-ce qu’au début, tu as eu des difficultés à t’adapter à ta nouvelle vie ?

LAURENCE : Oh oui. Par exemple, le niveau de mon français était zéro. C’était dur : je prenais aussi des cours particuliers, surtout pour apprendre les conjugaisons, mais j’avoue que les premiers mois, j’avais juste envie de rentrer en Angleterre. Plein de choses étaient différentes, par rapport à Blackboys, mon petit village du Sussex. Là-bas, même à la campagne, il n’y a pas autant de distance entre un village et l’autre. En France, je me sentais plus isolé, disons. J’ai dû également m’habituer à tout un autre rythme de vie. Ici c’est beaucoup moins speed, on prend du temps pour profiter, ce qui est bien. En fait c’est grâce au sport que j’ai pu créer des liens d’amitié et améliorer mon français. Rugby, cheval, handball, course à pied : un an après, j’avais déjà l’impression de m’être intégré. À vrai dire, j’ai eu une autre difficulté, et pas qu’au début…

Passion sport, depuis l’enfance

LHEB : De quoi s’agit-il ?

LAURENCE : Mon prénom ! Son orthographe fait penser au prénom féminin français, donc ce n’est pas toujours facile. Combien de fois les gens ont pensé que j’étais une fille ! (rires) À l’internat, on m’avait inscrit, par erreur, dans la partie féminine. D’ailleurs, à l’école les enseignants qui ne me connaissaient pas, ne s’attendaient pas à que « Laurence » soit un garçon ! J’ai même vécu des situations absurdes, comme lorsque à la CAF, ils étaient persuadés que mon colocataire était mon compagnon, car ils ont pensé, encore une fois, que j’étais une femme. Bref, il y a eu plein d’épisodes comme ça, mais maintenant c’est plus simple d’en rire. Du coup pour le travail, je préfère parfois utiliser mon deuxième prénom, Samuel, afin d’éviter les incompréhensions !

LHEB : Sacrée histoire ! Quelles sont les choses qui t’ont le plus marqué, en arrivant en France ?

LAURENCE : Voyons… La durée infinie du repas de Noël ! Comme je le disais, les Français prennent le temps de profiter des choses, surtout à table. Sinon, sortir en boîte excessivement tard : là on voit un vrai décalage par rapport à l’Angleterre. Ou encore, concernant la route, la priorité à droite : ce n’est pas seulement lié au fait que nous on conduit à droite, c’est que c’est toujours indiqué et pas ici. Même conduire un scooter à seulement 14 ans, en Angleterre ce serait impossible ! Ah, j’oubliais la bise, je ne savais jamais de quel côté il fallait commencer. À part ça, tout va bien (rires).

Petit entrainement pour la campagne limousine, avec le cousin

LHEB : Tu te sens plus anglais ou plus français, après tout ce temps passé ici ?

LAURENCE : J’adore la France, j’adore vivre ici et je n’envisage absolument pas de partir, mais au fond je me sens 100% British. Par contre, je suis très fier d’avoir grandi en France, je trouve que c’est une énorme richesse de pouvoir connaître et absorber une culture qui n’est pas la sienne, à la base. Comme quoi, aujourd’hui mes difficultés initiales sont devenues mes forces.

LHEB : Quelles sont les choses de ton Sussex natal qui te manquent le plus ?

LAURENCE : Une partie de ma famille est restée en Angleterre, donc forcément la famille. Mon cousin, notamment, qui pour moi est comme un frère. Mais aussi des habitudes alimentaires. Oui, je sais bien ce que les Français pensent de notre cuisine, mais l’English breakfast me manque, ainsi que le Sunday roast. Ou la cuisine indienne ! J’ajouterais également une certaine forme de convivialité, aller au pub, par exemple : une sorte de socialité dans un sens plus simple. En revanche, j’ai gardé la passion très anglaise pour les voyages. C’est peut-être dû au fait que l’Angleterre est une île, je ne sais pas. Chez nous, tout le monde, s’il peut, a envie de visiter le reste du monde et moi j’essaie de faire pareil.

Un pub se cache sur cette photo !

LHEB : Back to Limoges pendant un instant. Si tu avais été élu maire de notre #villederêve, quelle serait ta première décision ?

LAURENCE : Bonne question. Je vais essayer de ne pas me prendre trop au sérieux, mais quand même ! Je déciderais de créer une fête des voisins une fois par an : rues fermées à la circulation, grandes tables, convivialité ! Tu vois, on revient toujours aux mêmes sujets. Et aussi une nocturne des Halles tous les mois, allez.

LHEB : Aurais-tu un adjectif anglais pour définir Limoges ?

LAURENCE : Mmm oui, quoique l’adjectif est utilisé en français aussi (rires) : cosy. Limoges me fait effectivement penser à un appartement : c’est petit, c’est agréable, on y est bien et tout est à portée de main.

LHEB : Dernière question avant de reprendre la route : as-tu un endroit favori à Limoges ?

LAURENCE : Là aussi, je vais essayer d’éviter les endroits classiques – genre Bords de Vienne, Cathédrale, que pourtant j’adore, hein. Et je dis les Halles centrales : elles sont magnifiques, c’est un lieu rempli d’histoire. J’y vois dedans toute la culture française. Quand des amis viennent me voir à Limoges, c’est une étape incontournable. Sinon, dans un côté, disons, plus “léger”, la Rue de la Soif (rires).

The beautiful Halles of Limoges

LHEB : On risque de se recroiser, alors ! Merci beaucoup, Laurence.

LAURENCE : Merci à toi, l’Homme en Bleu.

Fabio
Italien de passeport, Limougeaud de cœur : pas de quoi en faire tout un cinéma. Il aime les jeux de mots pourris, l'IPA et faire semblant de s'intéresser à plein de choses.

Vanille et Tonka : les thés de tous les délices !

Previous article

[BON PLAN – TERMINÉ] Projection du film “Bienveillance Paysanne” dans le cadre du Festival Terre Nourricière

Next article

Comments

Leave a reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.