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« Un certain regard » sur le Limoumou #3 : Mikeldi

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Mikeldi du restaurant La Casa à Limoges

Pour l’Homme en Bleu, les frontières, ça n’existe pas : il n’y a que la route à parcourir, sauf lorsqu’il est obligé de s’arrêter. C’est à ce moment-là qu’il prend son temps pour rencontrer toute sorte de personnes et pour écouter leurs histoires. Et quand ces histoires viennent de l’étranger, il n’est pas seulement curieux : il est carrément tout ouï ! La dernière fois que ça lui est arrivé, c’était avec Mikeldi, originaire de l’autre côté des Pyrénées (précisément du Pays Basque). L’Homme en Bleu s’était déjà rendu chez lui, attiré par ses célèbres tapas, mais il avait envie de savoir un peu plus sur le parcours qui l’a emmené jusqu’à #LimogesVilleDeRêve.


LHEB : Salut Mikeldi, j’ai l’impression que tu vis à Limoges depuis toujours, mais en réalité ça fait combien de temps ?

MIKELDI : C’est vrai que ça commence à faire longtemps (rires). Je suis là depuis 2011. Au début je n’avais pas de restaurant, je proposais des produits espagnols, surtout de la charcuterie ou des conserves, au marché de Place Marceau. C’était plutôt de la dégustation. J’ai ouvert La Casa en 2015, d’abord en centre ville, ensuite j’ai déménagé en 2020 aux alentours de la Cathédrale.

LHEB : Quel a été ton chemin de vie, avant d’arriver ici ? Tu étais déjà dans la restauration ?

MIKELDI : Pas vraiment. Je suis né à Barakaldo, une ville à 10km de Bilbao. J’ai travaillé d’ailleurs au port de Bilbao, je m’occupais de la logistique et du commerce international, notamment en ce qui concerne la douane. J’ai un master en Publicité et Relations Publiques, donc à l’époque je ne pensais pas travailler dans la restauration. Ce n’est que quand je suis parti vivre en Angleterre, à Londres puis à Bath, que j’ai eu mes premières expériences dans ce domaine. Après… Bon, tu sais déjà !

LHEB : Tu es passé de l’Angleterre à Limoges, donc. Tu peux me le dire : tu as eu plus de mal avec l’anglais ou avec le français ? Ou tu parlais déjà la langue ?

MIKELDI : Non, non, je ne parlais pas français. Du tout. Mais j’ai toujours eu plus de mal avec l’anglais (rires) ! Le français est une langue moins compliquée pour les espagnols. En plus, j’avais aussi fait mon Erasmus en Italie : le fait de connaître plusieurs langues m’a certainement aidé, ainsi qu’avoir déjà vécu à l’étranger. Ça n’a pas du tout été un choc culturel, pour moi.

Trajet Limoges-Barakaldo (Crédit image : Google Maps)

LHEB : Y a-t-il des choses qui t’ont particulièrement marqué, à ton arrivée à Limoges ?

MIKELDI : Mmm. Je trouve qu’ici tout est… comment dire ? Plus carré, par rapport à l’Espagne. C’est moins anarchique, même au niveau des rapports interpersonnels. Il y a comme des rituels à respecter, plus de protocoles, dans un sens. Les gens se retrouvent souvent chez quelqu’un et beaucoup moins à l’extérieur comme c’est le cas au Pays Basque, où c’est rare de se rendre chez les potes. J’ai été également frappé par une certaine grandiosité architecturale à laquelle je ne m’attendais pas. Je pense bien évidemment à la Cathédrale, ou à la gare des Bénédictins.

J’ai été également frappé par une certaine grandiosité architecturale à laquelle je ne m’attendais pas.

LHEB : Tu trouves que ce caractère grandiose est représentatif de l’esprit de la ville ? Ou bien, c’est justement l’inverse ?

MIKELDI : Disons que c’était surtout par rapport à la taille de ville que je ne m’y attendais pas. Par contre, j’ai tout de suite remarqué que, dans certains quartiers, Limoges devient un petit village, ce qui m’a beaucoup plu. C’est très apaisant. Je pense qu’il y a une « facilité » de vie qu’il ne faut pas donner pour acquise. Par exemple, la nature est quelque chose de très présent en ville, avec même toutes les maisons avec jardin… J’en ai toujours parlé avec d’autres Espagnols comme moi, qui avons grandi dans des appartements et ne connaissions pas ça. Le cadre de vie est plutôt sympa, hein. Tout est à 10 minutes ou presque. On peut se retrouver facilement, sans besoin de prendre le métro, par exemple. J’aime bien, ça me correspond. Ça m’arrive d’entendre des Limougeauds se plaignant de Limoges, et pourtant je ne trouve pas que ce soit aussi mal que ça. Il y a plein de choses à faire, c’est la mentalité à changer, plus que l’offre. Je le vois dès qu’il fait beau : les gens quittent la ville !

LHEB : Il reste quand même des choses de chez toi qui te manquent ? Après, c’est vrai aussi que « chez toi », ce n’est qu’à 5-6 heures de voiture…

MIKELDI : Oui, mais ce n’est pas pour autant que j’y vais souvent ! (rires). Cela dit, j’aimerais revenir à la maison plus fréquemment, sauf que je n’ai pas toujours le temps. Ma famille me manque, c’est normal, je crois. Les repas de famille, notamment, l’ambiance des repas. Et aussi faire la tournée des bars à pintxos : l’idée de sortir pour boire et manger avec les amis, et de se déplacer tout au long de la soirée.

Les fameux pintxos (crédit photo : La Casa)

LHEB : Imaginons, d’autant plus que tu aimes notre ville, que tu as été élu maire de Limoges. Quelle serait ta première décision ?

MIKELDI : Peut-être dynamiser un peu le centre ville et abandonner cette politique des centres commerciaux en banlieue. C’est les gens qui dynamisent les villes, c’est les commerces. Que ce soit calme, c’est bien, mais il ne faut pas exagérer (rires). En plus tout le monde en profiterait. Sinon, changer la déco dans certains endroits, qui ne sont pas très beaux… Certaines places, notamment. Et réinvestir dans la culture. C’est dommage d’avoir arrêté comme ça, ce n’est pas digne d’une ville comme Limoges, qui est une ville étudiante, en plus.

Je pense qu’il y a une « facilité » de vie qu’il ne faut pas donner pour acquise. Par exemple, la nature est quelque chose de très présent en ville.

LHEB : Aurais-tu un adjectif pour définir Limoges ? En espagnol, en basque, en anglais ou en italien : comme tu préfères.

MIKELDI : Non, non, en espagnol. Je dirais « serena », sereine. Tu vois que le français et l’espagnol ne sont pas aussi différents ? La sérénité est la clé pour être bien, c’est le contraire de l’angoisse. Il existe des villes angoissantes, où il y a du monde partout, il faut toujours courir d’un point A à un point B. Ici, comme je le disais tout à l’heure, j’ai l’impression que tout est plus simple, je risque moins d’être stressé. Et moi, je n’aime pas me prendre la tête ! (rires)

LHEB : Allez, hop ! Dernière question : quel est ton endroit favori à Limoges ?

MIKELDI : Je dirais les bords de Vienne, c’est vraiment une belle balade à faire. Quand je reçois des amis non-Limougeauds, je les emmène toujours là-bas. Ce que j’aime, c’est aussi le côté « préservé » : je ne suis pas pour les bars partout, comme beaucoup le demandent. Il faut laisser à la nature sa place. C’est important d’avoir des endroits où on est tranquille. On revient toujours à la sérénité, tu vois. J’aime bien le quartier de la Cathédrale, aussi. Et sinon il y a d’autres belles balades possibles, au Bois de la Bastide ou au Vigen, par exemple.

Les bords de Vienne et la Cathédrale dans la même photo ? Voilà

LHEB : Merci beaucoup, Mikeldi.

MIKELDI : Merci, l’Homme en Bleu.

Fabio
Italien de passeport, Limougeaud de cœur : pas de quoi en faire tout un cinéma. Il aime les jeux de mots pourris, l'IPA et faire semblant de s'intéresser à plein de choses.

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1 Comment

  1. C’est dommage, la seule question qui semblait intéressante n’a pas été posée : comment s’est-il retrouvé à Limoges, pourquoi est-il arrivé ici, lui qui était au Royaume-Uni ?

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