« Il faut laisser les jolies femmes aux hommes sans imagination ». Cette citation qu’on doit à Marcel Proust, à la présence manifeste du « s » justifiée, peut en tout point se transposer à notre combat du jour. Un combat qu’on compte bien mener à son terme pour réhabiliter la gare des Charentes trop souvent toisé des médias alors qu’il recèle de tout pour voler la vedette à sa rivale.
5 – Il n’y a jamais de retard sur le Paris-Limoges
Quel que soit le moyen, il faut bien compter sur 4h00 pour rallier Paris à la capitale. Alors autant profiter des joies du réseau ferroviaire pour bouquiner pendant le trajet et coller son chewing-gum sous le siège. C’est le confort idéal pour le petit voyageur bien content de retrouver sa verdure natale…à ceci près que la durée affichée sur le billet est bien souvent hors-taxes.
C’est même devenu un vilain pléonasme, au point qu’on préfère désormais compter les Paris-Limoges qui arrivent selon les conditions générales de vente. C’est-à-dire à l’heure. Un problème qu’on ne rencontre qu’à la gare des Bénédictins, au grand dam de ses usagers qui fulminent comme pas deux à la descente.
Tourné vers l’Atlantique, les cartes sont rebattues. Bien menteur celui qui ferait état d’un retard en provenance de l’autre capitale. La gare des Charentes s’évite donc l’ire du Limougeaud furibond qui pourrait lui coûter sa survie à court terme. Et elle s’évite la présence inopportune de Parisiens égarés par la même occasion.
Malynx.
4 – Elle ne fait pas sa “chagasse” sur les réseaux sociaux
Et vas-y que je m’affiche sur Instagram. Et vas-y que je prends la pose pour l’Office du Tourisme. Et vas-y que je me livre aux puissantes fortunes pour un tournage publicitaire. Pour s’offrir à tout venant, la gare des Bénédictins sait y faire. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle ne lésine pas sur la parure et les artifices. De son piédestal, elle se revendique même « plus belle gare de France ». Bonjour la modestie. Et pour les scrupules, on repassera.
On la retrouve sous tous les angles sur le premier cliché du touriste qui s’est perdu en chemin. Quant à l’autochtone, elle n’hésite pas à exhiber tous ses dehors pour une histoire de « Like » sur les internets. Ha, qu’en aurait-il été durant l’amitié franco-allemande ? La gare des Charentes fait montre de plus de pudeur avant de dévoiler ses charmes. L’avez-vous déjà vue se fourvoyer pour amuser le badaud ou sortir maquillée comme un carré d’as ? Il faut vraiment la connaître pour en apprécier ses attributs.
Elle n’est pas n’importe qui.
3 – On peut écouter de la Makina et faire un méchoui sur le parking
A quoi bon se réclamer du gotha des gares si on n’a pas de quoi accueillir un peu d’animation pour rythmer les attentes interminables ? La réponse se trouve dans la question. Et c’est bien là que le bât blesse. On peut toujours acheter Valeurs Actuelles pour tuer le temps, ou prendre un café indigeste à la machine ou un sandwich à 2 chiffres. Mais on est bien loin des Frères Jacques en matière de distraction.
La gare des Charentes a eu le nez creux. Sur son demi-hectare d’asphalte en premier plan, le quidam a tout ce qu’il faut pour ne pas tutoyer l’ennui. Une partie de football improvisée n’est qu’une affaire de participants. S’il a les pieds carrés, il peut tout à fait initier une pelote basque sur le mur de la RDTHV. Et si jamais la lassitude survient, la proximité du U Express permet à tout instant d’aller faire quelques courses pour une petite grillade des familles.
Le mouton est déjà dans le coffre, on sort le gros son des enceintes, et c’est parti pour une tranche de Foire du Trône délocalisée.
2 – Elle est plus éloignée de Wuhan et de Sarah Gentil
L’emplacement géographique d’un établissement n’est pas neutre. Comme en atteste le choix de la Tour Eiffel à Paris plutôt qu’à Eybouleuf, pour des raisons évidentes de tourisme de masse et de personnel municipal pour l’entretien. La gare des Charentes a fait le choix de poser ses valises à quelques hectomètres plus à l’ouest que son homologue. Si ça lui permet de bénéficier du soleil plus longtemps le soir, cela présente d’autres avantages finement sentis.
Le premier n’est pas neutre puisqu’on est pas à l’abris d’un virus ravageur qui laisserait des séquelles pendant des décennies années. Quant à Wuhan, il s’agit d’une ville chinoise de la province du Hubei qui n’a pas forcément bonne presse ces derniers temps. C’est bien de s’en tenir éloigné.
1- Elle n’a pas fait miroiter le TGV
Et voilà qu’on attaque l’arlésienne du sujet. Le serpent de mer de la cité limougeaude. Le château en Espagne des politiques successifs. La publicité mensongère qui a permis à la gare des Bénédictins de susciter tous les espoirs et de se conférer un petit standing. Enclavée depuis que l’homme sait faire du feu, Limoges tiendrait son salut par la présence d’une ligne ferroviaire à grande vitesse. Du moins, c’est ce qu’on se plaît à nous faire croire.
Par conséquent, dès que le sujet tombe sur la table, les poils s’hérissent et on se voit déjà rouler des mécaniques devant nos voisins bordelais avec un taux de chômage à zéro. Message parfaitement compris par l’édifice de Roger Gonthier, conscient des enjeux touristiques, économiques et culturels, qui n’hésite pas à en jouer lorsqu’il sent sa notoriété en baisse et ses besoins narcissiques croissants.
La gare des Charentes n’a jamais eu cette fourberie. Elle a toujours été franc-jeu avec ses concitoyens, se limitant à ce qu’elle avait à offrir et ce qu’elle pouvait offrir. Si on peut lui reprocher un certain minimalisme, elle ne s’amuse pas avec les sensibilités des Limougeauds en nourrissant aucun faux-espoirs qui viendrait d’autant plus remuer le couteau dans la plaie.
Il vaut mieux un tiens que deux tu l’auras.
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*Article parodique
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