Le premier ministre Edouard Philippe a été on ne peut plus clair : « Les déplacements sont autorisés, mais dans une limite de 100 bornes. » Et gare à celui qui dépasserait la zone fatidique : 135 € d’amende, ablation des parties génitales et 1 an de pain sans sel. Rien que ça.
Si la consigne peut paraître restrictive de prime abord, elle va permettre de découvrir les richesses qui entourent nos quotidiens de Limougeauds désabusés. Alors que certains s’empresseront de retrouver leur date Tinder dans le Périgord vert, d’autres ne manqueront pas de s’ouvrir à l’inconnu pour enrichir leur bagage culturel.
5 – La station d’épuration de Ruffec (Charente – 98,3 km)
Il n’y a pas moins de 20.000 stations d’épuration dans l’hexagone, mais s’il y en a une qui ne souffre d’aucune comparaison, c’est bien celle de Ruffec. Fraîchement rénovée, elle se distingue par son modernisme et son architecture dernier cri qui la rend d’autant plus estimable.
Par sa visite, vous pourrez apprécier la qualité de l’équipement, qui présente une capacité de traitement de 1.529 mètres cubes avec, de surcroît, un bassin d’orage de 1.500 mètres cubes. C’est tout ce qui fait sa singularité. Ici, on ne rigole pas avec le traitement des eaux. D’autant plus avec le système de désodorisation biologique qui débite à raison de 6.000 mètres cubes à l’heure.
Il faut le voir pour le croire.
4 – La culture de petits pois de Lussac-les-Châteaux (Vienne – 88,7 km)
Alors que la machine économique encourage la production industrielle, on trouve quelques irréductibles qui perpétuent les traditions ancestrales de nos campagnes. C’est le cas dans le petit village de Lussac-les-Châteaux où un couple de nonagénaires use des savoir-faire d’antan pour le bonheur de ses concitoyens.
Vous connaitrez ici tout le circuit du petit pois, de la semence de la graine jusqu’à la récolte, avant de finir expulsé dans un étron pour rejoindre la toilette sèche au fond du jardin. C’est un véritable parcours saisissant et très instructif où vous ferez la connaissance des températures idéales pour un petit pois ferme et goûteux mais aussi la durée de germination qui peut osciller selon que le petit pois est placé sous un tunnel plastique ou non.
Mais surtout vous apprendrez à disposer les petits pois dans une boîte de conserve. Si cela peut paraître anodin à première vue, c’est loin d’être une mince affaire. Chaque petit pois est pesé et mesuré pour être stratégiquement agencé dans la boîte, de même que les rangées doivent observer un parallélisme strict et qu’il faut éviter la présence de deux petits pois identiques dans la même conserve.
Un véritable travail de fourmi.
3 – La pisciculture Saint Morat à Thouron (Haute-Vienne – 26,4 km)
Il manque quelques kilomètres pour accéder à l’Aquarium de La Rochelle. Mais n’ayez que faire, ce n’est pas tant le contenu que le contenant qui importe. Exit les bassins en PVC et le liner qui n’ont rien de naturel, vous découvrirez des réservoirs pas plus naturels mais qui accueillent des espèces toutes plus majestueuses les unes que les autres.
En famille, vous pourrez contempler des viviers en tout genre qui comprennent le nec plus ultra des poissons d’eau douce : gardons, gardèches, tanches, black-bass, poissons-soleils, brochets, etc. Mais ce qui fait toute la notoriété de la pisciculture Saint Morat, c’est la présence en nombre de « Carpes koï », une variété de carpes rare mais pas moins respectable dont le centre en a fait sa spécialité depuis 2007.
À Thouron, on peut désormais se vanter d’avoir un grand bassin de 70m3 et trois bassins plus petits (20 et 10m3) pour élever pas moins de 4 000 Carpes koï par an en provenance de plus de 30 éleveurs japonais. Une aubaine pour le visiteur lambda, et le spot idéal pour un cliché en famille.
2 – Le centre routier de Nontron (Dordogne – 75,6 km)
On prend la direction du sud pour un petit périple sur l’asphalte de la banlieue nontronnaise. Un peu d’exotisme n’est pas de trop après 8 semaines reclus entre 4 murs de béton armé. Il y en aura pour tous les goûts : transport de marchandises et d’animaux, autocars et autobus, camions réfrigérés, véhicules militaires, petites cylindrées, grosses cylindrées.
Il sera dur de ne pas trouver chaussure à son pied en contemplant le magnifique tableau qui se dessine. Et que dire de l’emplacement en lui-même ? Son revêtement récent qui fait l’objet d’une toilette régulière, les marquages au sol d’une peinture première qualité qui supporte moult intempéries et les innombrables poubelles qui dégueulent de tout le consumérisme moderne.
De surcroît, vous aurez le corner à frites qui suinte les acides gras saturés et les calendriers pour adultes dans les toilettes publiques. Comme dans les blockbusters américains où la police démantèle un réseau de prostitution. Ha ! On sent que vous y voyez déjà.
1 – L’internat du camp militaire de La Courtine (Creuse – 99,7 km)
C’est un trop tôt pour la cueillette des champignons en Creuse profonde. Mais rien n’empêche de s’y rendre pour d’autres fins pas moins exotiques. Situé dans le canton d’Auzances où tout Limogeaud aime à faire du tourisme sexuel, la Courtine est surtout le point d’ancrage de l’armée française depuis un siècle où elle reçoit chaque année de pleins wagons de cocardiers qui exercent la diplomatie à leur façon.
C’est plus que jamais l’occasion d’aller voir la face méconnue de l’iceberg. Si on a l’habitude du gendarme en service qui amende à tire-larigot sur les bords de la RN147, il se cache sous sa tunique marine un homme doué d’âme et de sensibilité. En pleine immersion dans les chambrées du camp militaire, vous pourrez ainsi voir une personne qui chaque matin se lève et va déjeuner ; cette même personne qui chaque soir dîne et va se coucher.
Un quotidien poignant loin des sentiers battus, bien trop souvent occulté par les médias mainstream qui font le jeu du FN, des platistes et de ma grande tante nostalgique de l’OAS et de la Chance aux chansons. Vous n’y perdrez pas votre temps.
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