En flânant dans la ville de Limoges, l’Homme en Bleu est passé devant le Musée Adrien Dubouché et a décidé d’y faire une petite visite ! Il a suivi « Formes vivantes », une exposition qui met en évidence les liens existants depuis des siècles entre la céramique et la nature.
Après sa précédente visite automnale au Musée et jardins Cécile Sabourdy à Vicq-sur-Breuilh, suivez l’Homme en bleu au fil de cette passionnante exploration au cœur du vivant, où se sont réunies les connaissances et savoirs-faire d’artistes, d’artisans, d’historiens et de scientifiques du XVIe siècle à nos jours.
La céramique à la conquête du vivant
Le milieu du vivant est éphémère, tandis que la céramique, elle, est une matière inerte et durable. Ce sont d’ailleurs deux thèmes que tout semble opposer ! Pourtant, il n’en est rien : chercheurs et scientifiques ont effectué des études entre l’argile et les origines de la vie. L’homme en bleu nous livre donc ici un aperçu des créations artistiques de toutes les époques, exprimant leurs différentes perceptions du vivant.
« Les moulages à vif » ingénieux de Bernard Palissy …
La visite commence avec l’exploration du vaste milieu vivant par Bernard Palissy. Soucieux du détail, passionné par le milieu aquatiques, comprenant amphibiens, végétaux et crustacés, il est l’un des premiers savants et artistes de la Renaissance à effectuer des moulages d’animaux vivants, ou tout juste morts, dans le but d’obtenir un résultat le plus fidèle possible à la nature.
Il intégrera cette technique naturaliste dans la réalisation de ses œuvres : plats et sculptures en céramique, tous ornés d’animaux en relief, révélant principalement les détails de leur corps. Une technique qui nous montre une véritable familiarisation avec ces espèces vivantes.
Dame nature, une source de création inépuisable
Dans la continuité de la démarche de Palissy, Jean Girel, crée en porcelaine des objets dont les motifs se rapprochent de l’épiderme des animaux de la jungle, des marécages ou d’autres milieux naturels : ainsi naissent boîtes salamandres, vases imitant les tâches de la girafe, ou encore coupes reptiliennes. Le céramiste s’inspire de la richesse et de la beauté du monde vivant, en observant attentivement la nature pour reproduire de manière créative ses couleurs, motifs et textures.
Quand les recherches scientifiques du XVIII ème siècle influent sur la création céramique
L’intérêt pour la nature chez les artistes du XVIII ème siècle perdure. À cette époque, les recherches des scientifiques évoluent, la classification des espèces nourrissent l’univers des artistes : les objets qu’ils créent n’occupent plus uniquement une fonction usuelle, ils sont également des supports de connaissance du milieu naturel.
L’artiste peintre Etienne Evans (1733-1809), a reproduit les illustrations scientifiques d’un manuel d’histoire naturelle pour décorer des pièces de la Manufacture royale de Sèvres.
Les animaux domestiques dans la céramique
Du côté des animaux domestiques, des sculptures mettent en lumière le travail des éleveurs.
Cette génisse fut réalisée à la demande du Syndicat de la race Limousine et du porcelainier Raymond Laporte. À travers cette œuvre, l’objectif est de valoriser le long travail de sélection et de croisement à l’origine de la race Limousine. Elle témoigne de la capacité des hommes à maîtriser le patrimoine génétique d’un être vivant.
Avec l’Art nouveau, la nature investit notre quotidien
Après avoir contemplé les œuvres jusqu’au XIXe siècle, les visiteurs peuvent découvrir des œuvres de l’Art nouveau, où la nature investit l’espace public, comme en témoignent les bouches d’entrées du métro parisien, signées Hector Guimard, inspirées de courbes végétales !
L’exploration de l’organique
À leur tour, les artistes contemporains explorent un autre aspect du vivant : l’organique et l’intérieur du corps humain.
Entre abstraction et figuration, les pièces contemporaines de Nadège Mouyssinat, évoquent des os, muscles et tendons, crées en s’inspirant des nouvelles d’Edgar Allan Poe.
La céramique au service du vivant
Elle est utilisée pour nous soigner
La céramique est pleine de ressources ! Elle intervient aussi dans la chirurgie réparatrice, en mettant par exemple au point des implants crâniens, des prothèses oculaire ou dentaire.
Ces prothèses en céramique biomédicale ont la faculté d’interagir avec l’organisme. Elles remplacent les organes et peuvent reproduire la structure minéral de l’os, parvenant à s’intégrer parfaitement au tissu osseux. À Limoges, l’entreprise I.CERAM est brillamment parvenue à créer une prothèse du sternum en céramique biomédicale.
Elle agit aussi en faveur de l’environnement
Pour finir, Eric Denes, infectiologue de la société I.CERAM et David Branthôme, spécialiste des coraux et directeur de l’Aquarium de Limoges, on eu l’initiative d’utiliser l’alumine poreuse des prothèses biomédicales pour bouturer des coraux, afin de remplacer les supports en béton, métal et plastique, nocifs pour l’environnement.
Suite aux résultats plus qu’encourageants, ce projet est envisagé d’être appliqué à grande échelle. Le corail, animal indispensable à l’écosystème des océans, pourra ainsi être préservé grâce à la céramique, une matière où les coraux se développent naturellement.
Pour en savoir plus sur les avancées scientifiques et la création contemporaine céramique …
- Le catalogue de l’exposition Formes Vivantes publié aux éditions Silvana Editoriale, disponible à la boutique du Musée.
- Un colloque les 27 et 28 janvier 2020 à la salle Louis Longequeue, à l’hôtel de ville de Limoges, organisé en partenariat avec l’Université de Limoges et avec le soutien de la ville de Limoges.
L’exposition Formes Vivantes est présentée au Musée national Adrien Dubouché jusqu’au 10 février 2020.
Accessible de 10 h à 12 h 30 et de 14 h à 17 h 45.
Comments