Dans la suite de son focus sur les initiatives locales qui émergent durant cette période de confinement, L’Homme en Bleu a rencontré, par écrans interposés, Laura Marquet, à la tête du Collectif Solidaire Limoges.
LHEB : Peux-tu nous expliquer en quelques mots ce qu’est le Collectif Solidaire Limoges ?
L.M. : Le Collectif Solidaire Limoges suit le pas du Collectif Solidaire monté à Paris. C’est une initiative d’acteurs locaux pour apporter un peu de bonheur aux personnes qui sont en première ligne. On voulait faire quelque chose ici, et au lieu de partir de zéro, on s’est associé au Collectif Solidaire en créant celui de Limoges. On a pu mutualiser des contacts, par exemple TerreAzur. A Paris, ce sont notamment des petites entreprises et start-up à l’initiative, et ils ont vraiment à cœur de rester dans le côté solidaire. Ils ont refusé par exemple des grosses dotations de certaines marques juste pour faire du placement de produit, et ça c’était aussi notre idée.
LHEB : Il me semble que l’antenne de Limoges est assez récente. Je me trompe ?
L.M. : Deux semaines. Mais celle de Paris a été créée le 30 mars, c’est pas vieux non plus. On a lancé Limoges, une semaine après Paris.
On essaie de voir aussi comment continuer quelques actions après pour ne pas que ce soit provisoire.
Laura Marquet
LHEB : Quels sont les acteurs locaux/partenaires avec lesquels vous collaborez ?
L.M : Il y a plusieurs acteurs. Les chefs tout d’abord. Parmi eux, on trouve l’équipe de La petite Ourse, celles du Cheverny, des Escrocs, de Ma green Cantine, du Boeuf à la Mode, du Provençal , et Luc, chef au Versant,
Il y a également les entreprises locales. On a eu plusieurs dons d’un maraîcher des Vaseix, de TerreAzur Nouvelle Aquitaine, Day by Day, Green Ville et Naturalia, de La Fabrique du café et de Tan Saigon.
On compte aussi les particuliers via une collecte en ligne. La collecte, c’est surtout pour financer les contenants et un peu de logistique. L’idée n’est pas d’acheter des produits pour cuisiner, mais d’utiliser les dons.
LHEB : Je me demandais si, suite à la création de l’antenne locale, les entreprises et les chefs étaient venus à vous spontanément, ou s’il vous a fallu faire du “démarchage”. Avaient-ils déjà connaissance de l’initiative créée à Paris ?
L.M. : Alors pour les chefs, ils sont tous venus spontanément, ce qui est plutôt cool. Après ce sont les réseaux de chacun qui ont fait le job. Et non ils n’avaient pas forcément vu le Collectif de Paris, mais de nombreuses initiatives comme celle-ci ont vu le jour ces derniers temps. Sur Limoges, peu de communication a été faite, il y a des actions isolées de chefs et restaurants, on s’est juste regroupés à plusieurs pour être une vraie initiative locale chefs – entreprises – citoyens.
Le Collectif solidaire, c’est une initiative d’acteurs locaux pour apporter un peu de bonheur aux personnes qui sont en première ligne.
Laura Marquet
LHEB : Si on se penche maintenant du côté des personnes aidées, donc des personnes en première ligne, comment ça se passe ? Est-ce vous qui proposez spontanément ou est-ce qu’on vous contacte ?
L.M. : C’est vrai que je ne pensais pas que ce soit cette partie la plus “compliquée”. On les contacte, oui, il est assez rare qu’on ait des demandes, sauf des employés par exemple, mais il nous faut ensuite l’accord de leur direction.
LHEB : A ce jour, combien de repas avez-vous été en mesure de distribuer ?
L.M. : Cent la semaine dernière et cette semaine deux-cents cinquante, je pense, sachant qu’il y aura aussi du café et des pâtisseries. Aussi un point important, c’est qu’on a voulu étendre les livraisons aux autres acteurs : caissiers, éboueurs, facteurs, chauffeurs de bus, aide à domicile.
L’idée n’est pas d’acheter des produits pour cuisiner, mais d’utiliser les dons.
Laura Marquet
LHEB : Pour ces livraisons justement, faites-vous appel à des sociétés spécialisées ou est-ce plutôt l’affaire de bénévoles, voire des chefs eux-mêmes ?
L.M. : Non, pas de sociétés spécialisées. On se débrouille pour le moment et les chefs le font aussi.
LHEB : Quels seraient vos besoins à l’heure actuelle ? Outre la contribution à la cagnotte dont vous parliez tout à l’heure.
L.M. : Des contacts pour livrer, un peu de matière première.
LHEB : L’appel est passé ! Que pouvons-nous faire nous, en tant que citoyens, pour aider dans ce projet ? Comment pouvons-nous agir de chez nous ?
L.M. : Nous aider à faire des livraisons, ou un don, mais surtout je pense que pour la plupart le mieux est de rester chez eux.
LHEB : Avant de conclure, j’aimerais revenir sur la confection des repas. Grosso modo, comment ça marche ?
L.M. : On livre les chefs de matière première et avec ce qu’on a, ils préparent quelques chose et en quantité, en fonction des services qu’on livre, pour ne pas faire de gaspillage.
LHEB : Est-ce qu’ils se concertent entre eux afin que tous préparent la même chose, ou c’est plutôt selon la libre inspiration de chacun ?
L.M. : Ah non, c’est en fonction de leur inspiration, de leur spécialité et surtout de la matière qu’on a.
LHEB : Pour conclure, as-tu envie de rajouter quelque chose ? De revenir sur un point que j’aurais pu oublier ?
L.M. : On essaie de voir aussi comment continuer quelques actions après pour ne pas que ce soit provisoire. Le national aussi voit peut-être une fois par mois pour pouvoir le refaire, ou à des dates décidées, à voir.
LHEB : Penses-tu que cela pourrait s’étendre à un public plus large, comme par exemple les personnes sans-abri, peut-être en collaboration avec des associations qui maraudent ?
L. M. : Pour l’instant, on essaie d’avoir des contacts à la Croix Rouge et Emmaüs.
Merci Laura !
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