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Conversation(s) avec : Brama

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Brama Musique

Brama, c’est un trio de musiciens, mené par Simon, Paolo et Baptiste, amoureux de la musique populaire du Massif Central. C’est guidé par cet amour de la musique trad’ et parfois quelque peu rock psyché, que L’Homme en Bleu fut pris d’une envie folle de les rencontrer.


LHEB – Pouvez-vous nous dire comment Brama est né ?

Simon: Au départ, c’est parti d’un besoin. J’ai baigné dans une culture musicale et artistique très anglo-saxonne et je me suis retrouvé avec une guitare dans les mains assez tôt. Puis une fois jeune adulte, j’étais sur scène à chanter en anglais une musique assez éloignée de mon quotidien et je sentais un besoin accru de faire quelque chose pour y remédier. Quand j’ai rencontré Baptiste, il jouait de la vielle à roue en passant par une chaîne d’effets similaire à la mienne et produisant comme moi un son très rock, mais avec un instrument qui représentait l’inverse du mien. Et j’ai été assez fasciné par ça. On a commencé rapidement à confronter ce son en jouant tout les deux. Puis quand Paolo nous a rejoints, c’était différent, lui venait aussi d’un processus similaire au mien. Là, on a commencé à produire ce que Brama est aujourd’hui. Paolo gueule sur scène et nous deux toute la journée…

Paolo : Brama est né de la rencontre entre Simon & Baptiste qui ont commencé un tandem guitare/vielle aux couleurs mixolydiennes et au rythme lancinant. Puis ils m’ont invité à les rejoindre car Baptiste était venu écouter « BOBi » avec qui je chantais et tambourinais un soir en Corrèze. À la première répétition, j’avais ramené un tambourin et des caxixis, mais ils jouaient tellement fort que j’ai monté une batterie et le trio prit rapidement la route du rock. Le nom fût trouvé en feuilletant les poèmes de Marcelle Delpastre, écrivaine du Limousin. Brama, aussi pour l’expression des gosses qui brament.

Baptiste : L’idée de monter ce groupe nous est venue Simon et moi lors d’ un festival de musique traditionnelle. On se connaissait peu à ce moment-là. Je ne savais pas trop ce qu’il faisait et je crois que lui non plus. On a un peu discuté et rapidement on s’est revu en Corrèze, lui au violon et moi à la vielle. Et puis on a rapidement branché nos instruments et Simon est passé à la guitare.

© Phillipe Guy

– Vous avez sorti  “Aï Tant Montat” en février dernier. Comment se déroule votre processus de composition ? Pourquoi avez-vous décidé d’utiliser une autre langue que l’anglais ou le français? 


Simon:
J’écris beaucoup de choses que l’on sculpte ensuite ensemble. Tout le monde ramène sa patte, son propre discours. La langue occitane est venue très vite dans la création du groupe. L’anglais était écarté, de fait, par la volonté de s’ancrer quelque part dans la proposition artistique. Le français, que l’on parle tous les jours, avait un rapport trop frontal au discours. Avec l’occitan, on utilisait un matériau local finalement très présent et très chargé poétiquement.

Paolo : « Aï tant montat » est une chanson traditionnelle du Massif Central dont le trio a gardé le poème pour en écrire une marche, enfin, un rock. L’occitan, aucun de nous trois ne le parle mais on l’écoute depuis longtemps, autant dans les répertoires du Massif Central que dans les chansons d’André Minvielle. Nous avons donc joué avec les poèmes de chansons d’avant d’avant hier ??? et puis, j’ai aussi proposé récemment un poème que j’ai co-imaginé, pour finir, avec Dominique Décomps, une autrice corrézienne qui nous apprend beaucoup de choses sur la langue limousine. Simon y a inventé tout plein de riffs et Baptiste une vielle stellaire.

– Pouvez-vous nous parler de vos influences musicales ?

Simon : Les influences de Brama sont le rock psychédélique, la pop, la noise, on a grandi dedans. Mais aussi les musiques populaires du Massif Central qui ont été un choc artistique puissant.

Paolo: Et puis aussi la polyphonie que nous aimons tous les trois.

– Dernièrement, vous avez passé les auditions des Inouïs du Printemps de Bourges 2021 . Comment avez-vous vécu ce moment ?

Simon: C’était une belle expérience. On existe seulement depuis 2019, on a rapidement été sollicité et bien entouré, c’était très encourageant de travailler dans cette dynamique. On est passé rapidement à la vitesse supérieure en termes de travail.

Baptiste : C’était à la fois un moment stressant mais très instructif.

– Et vous avez été sélectionné pour vous produire sur la scène des Inouïs du Printemps de Bourges 2021. Comment avez-vous réagi en apprenant la nouvelle ?

Baptiste : C’est une grande chance de faire partie de cette sélection. Maintenant, à nous de vraiment assurer à Bourges. Ce sera l’occasion aussi de faire des rencontres professionnelles bien sûr, mais aussi artistiques.

« Grâce au Collectif Lost In Traditions, et à notre tourneur Soyouz Music, Brama a pu trouver l’excitation renouvelée de créer dans une dynamique forte et bienveillante et pousser plus loin l’aventure. »

Paolo, du groupe Brama.

Malgré la fermeture des lieux et les circonstances, comment gérez-vous cette crise ?

Simon: Avec une envie irrépressible de faire de la musique sur scène. Donner, recevoir, partager. C’est très frustrant de travailler sans jouer en public régulièrement, mais en se serrant les coudes on voit arriver la fin du tunnel.

Paolo : Grâce au Collectif Lost In Traditions, et à notre tourneur Soyouz Music, Brama a pu trouver l’excitation renouvelée de créer dans une dynamique forte et bienveillante et pousser plus loin l’aventure.

Baptiste : Pendant cette période, on a pu travailler pas mal de temps dans des endroits différents, cela nous a permis de préparer un set qui se tient.

© Johan Gavlovsky

– Avez-vous des projets ? Un nouvel album ? Une date de concert à nous communiquer ?

Simon: C’est un mot bien pauvre « projet » finalement. Laissons-le aux initiatives politiques vides de sens. On espère faire de la musique. Un album pour 2022 on espère. Pour ce qui est des dates, il y en a, mais c’est difficile de dire à ce jour quand est ce qu’on pourra les faire.

Paolo : Nous avons des concerts prévus mais je perds souvent mon agenda. Mais oui des concerts arrivent et on a une grande envie de faire un disque, bientôt, à chaud.

« À Limoges, il s’est finalement passé beaucoup de choses. Il y a eu pas mal de rencontres, de découvertes musicales, de moments d ‘angoisse et d’euphorie. »

Baptiste, du groupe Brama

Quel est votre rapport au territoire Limousin et à la ville de Limoges en particulier ?

Simon: Le Limousin, pour moi, c’est la découverte des musiques du Massif Central, l’effervescence du collectif Lost In Traditions. La découverte d’une belle émulation artistique et humaine au milieu d’une campagne pleine de vie.

Paolo : Le Limousin, j’en ai entendu parler, puis je l’ai entendu chanter, et la découverte de ses artistes a fait un sacré écho en moi.

Baptiste : Je suis originaire de Corrèze, j’ai fais mes études pendant cinq ans à Limoges. Et je suis revenu m’installer en Corrèze, il n’y a que ça de vrai. À Limoges, il s’est finalement passé beaucoup de choses. Il y a eu pas mal de rencontres, de découvertes musicales, de moments d ‘angoisse et d’euphorie.

– Originaires de Corrèze, de Clermont-Ferrand et de Savoie, partagez-nous vos adresses favorites, pour bruncher, danser, chanter ou vivre tout simplement ?

Simon: Les Brayauds à Saint-Bonnet-près-Riom, le Raymond Bar et la Coopérative de Mai. La comédie de Clermont en ce moment occupée par des artistes engagé.e.s.

Paolo : Le Transfo aux Échelles, en Savoie, où nous avons fait notre tout premier concert super-officiel sous le nom de Fuelha, que l’on a barré sur l’affiche de l’entrée pour Brama, au dernier moment. Mais il paraît qu’on a toujours pas fait de vrai concert, alors c’est à chaque fois le premier.

Baptiste : En Corrèze, il faut bouger sur le plateau pour le moment, c ‘est là-bas qu’il se passe des choses. Au pied des Monédières, prochainement, un lieu va s’ouvrir (vers Chamboulive) où on pourra participer et voir plusieurs disciplines comme du théâtre, du cirque et de la musique. Si on descend plus au sud, vers Tulle, faut pas hésiter à passer voir la ressourcerie Mamoute (magasin autonome anticapitaliste), vers la Manu, il s ‘y passe plein de choses joyeuses.

Deerhof – Damaged Eyes Squinting into the Beautiful Overhot Sun

– Que retrouvons-nous dans le baladeur de Brama ?

Brama : Dans notre baladeur, on retrouve : Deerhoof, Nusrat Fateh Ali Khan, San Salvador, Oh Sees, Altin Gün, Led Zeppelin, Les Beatles, Benat Achiary, Afro Cuban All Stars, Can, Poil, Ratatat, Nyos…


Anais
Passionnée de radio et accro à la crème de marron. Toujours un orgasme musical sous le coude à partager avec ses amis. Sans oublier son principal atout : sa voix.

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