Depuis #metoo, on assiste à nouvelle vague de féminisme. L’Homme en Bleu a vu qu’il se passait pas mal de choses à Limoges autour du 8 mars, journée du droit des femmes. L’occasion de se pencher sur les grands enjeux du féminisme avec les associations locales.
L’inégalité entre les femmes et les hommes est partout. Écart salarial, menace sur le droit des femmes à disposer de leurs corps, partage inégal des tâches ménagères et parentales, violences sexistes et sexuelles… les associations féministes luttent tous azimuts pour démonter le système basé sur la domination masculine. Pas d’inquiétude, par « domination masculine », L’Homme en Bleu ne critique pas les hommes en tant qu’individus, mais bien un système inégalitaire !
Pour en parler, il est allé rencontrer Marie-Jeanne, militante de longue date au Planning Familial, et Angèle, animatrice des Affolé·e·s de la Frange.
Quelle est l’ampleur des violences sexistes et sexuelles, dont les victimes sont principalement les femmes ?
Le jour où l’Homme en Bleu écrit ces lignes, le 10 mars 2021, déjà 18 femmes sont mortes tuées par leur conjoint ou ex-conjoint depuis le 1er janvier. En 2020, elles étaient une centaine (1). Les chiffres de viol et agressions sexuelles (2) sur le site du Ministère de l’intérieur font froid dans le dos : chaque année 93 000 femmes sont victimes de viol ou tentatives de viol (et seule une minorité porte plaine donc est répertoriée).
Contrairement aux clichés, le viol est rarement commis la nuit dans un parking par un parfait inconnu, mais dans 90 % des cas par une personne connue de la victime, parfois même par le conjoint (c’est ce qu’on appelle le viol conjugal). D’ailleurs, 225 000 sont victimes de violences physiques ou sexuelles au sein du couple. Pour finir ce triste inventaire, 1 million de femme sont confrontées chaque année à une situation de harcèlement sexuel au travail ou dans les espaces publics (le fameux harcèlement de rue).
La culture du viol c’est quoi ?
« La culture du viol c’est l’ensemble des comportements et attitudes qui minimisent le viol, au point de le rendre acceptable, comme un acte de séduction », résume Angèle, animatrice des Affolé·e·s de la Frange.
Le cinéma, la musique, l’humour, la publicité ou la pornographie regorgent d’exemples d’actes contraints, perpétuant l’idée que les femmes aiment qu’on les force (alors que, spoiler alert : non !) Autre exemple de culture du viol : l’idée selon laquelle la responsabilité de l’agresseur serait atténuée si la victime portait une tenue sexy.
Heureusement, une solution existe contre la culture du viol : le consentement !
Mais le consentement, c’est quand même la base, non ?
Tu crois peut-être que c’est évident et pourtant « le consentement est l’un des enjeux principaux en ce moment. C’est une question clé, sous-jacente à toutes nos animations éducatives », explique Marie-Jeanne. Dans les relations sexuelles, il faut être attentif à son désir et pouvoir l’exprimer clairement, par des mots, des gestes, des sourires… Etre capable d’exprimer son refus n’est pas non plus évident pour tout le monde. Le silence, l’immobilité ou la gêne doivent inciter à vérifier le consentement ou arrêter…
L’Homme en Bleu le constate : entre la soumission inculquée aux femmes et la pression de la performance transmises aux hommes, pas si simple le consentement dans les relations (hétéro)sexuelles ! « Il faut une éducation au consentement », estime Angèle. C’est pourquoi le planning organise des “caféministes” et des animations en milieu scolaire ainsi que des ateliers d’auto-défense féministe. Les Affolé·e·s de la Frange propose également des ateliers d’auto-défense.
Les ateliers d’auto-défense féministes c’est pour apprendre à taper des hommes ?
L’Homme en bleu te rassure : ce n’est pas du tout le cas ! Ce sont des ateliers pour apprendre à dire non et à affirmer ses limites. On y apprend des outils de défense verbale, de défense physique comme des techniques de dégagement. Mais aussi à repérer autour de soi les situations de violences sexistes et sexuelles et les schémas de domination.
Ces ateliers peuvent se dérouler en mixité ou en non-mixité selon les cas. « Au planning, nous sommes pour la mixité et le dialogue mais selon les situations ça peut être nécessaire de créer des espaces non-mixtes, pour permettre à des femmes de prendre la parole », précise Marie-Jeanne. « La non-mixité peut-être une étape, avant de revenir à la mixité bienveillante », précise de son côté Angèle.
Quels sont les autres enjeux du féminisme ?
«Les questions de genre et de respect sont permanentes car, dans relations intimes, certain·e·s pensent toujours qu’ils/elles peuvent contrôler l’autre. Mais le Planning agit aussi sur la liberté de la femme à décider ce qui est bon pour elle, donc la contraception et l’avortement, car ces droits ne sont jamais acquis, regardez en Pologne ou dans certains Etats américains », constate Marie-Jeanne.
Les associations font aussi du lobbying sur l’inégalité salariale. « Dans les textes, l’égalité est actée, mais on est toujours à 25 % d’écart entre les hommes et les femmes », déplore Angèle. Comme tu le vois, il reste du pain sur la planche !
Nouveau : Le projet LANTERNE, pour une mise en sécurité rapide à Limoges
Pour permettre aux femmes menacées dans l’espace public de se réfugier quelque part, les Affolé.e.s de la Frange lance le dispositif Lanterne.
L’idée : un réseau de commerçant·e·s et d’associations volontaires proposant un espace de mise en sécurité rapide en cas d’agressions sexuelles ou sexistes ou de situation de violences ainsi qu’une première orientation. Signalés par un macaron en vitrine, ces commerces et associations seront formés à accueillir les victimes. Une trentaine de commerçant·e·s limougeaud·e·s sont déjà motivé·e·s ! Ce dispositif innovant a vocation à se développer dans d’autres villes. Vous pouvez soutenir sa mise en place à Limoges grâce à un financement participatif :)
Contacts : Les Affolé·e·s de la Frange Le Planning familial 87 40 rue Charles Silvestre 87000 LIMOGES 06 44 96 43 86 Meufs et Vénères (association étudiante féministe) Un grand merci à Elea Voltairine photographie pour la photo de couverture de cet article !
(1) Source : Nous toutes
(2) Il y a agression sexuelle (atteinte sur les fesses, les seins, le sexe, la bouche, l’intérieur des cuisses) ou viol (acte de pénétration) quand l’acte est commis avec violence ou contrainte ou menace ou surprise. Les peines vont de 5 ans (agression sexuelle) à un minimum de 15 ans de prison (viol).
Le harcèlement sexuel c’est le fait d’imposer à une personne, de façon répétée, des propos ou comportements à connotation sexuelle ou sexiste, dégradants, humiliants, intimidants ou offensants. Le harcèlement est punissable de 2 ans d’emprisonnement et 30 000 € d’amende.
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