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« Un certain regard » sur le Limoumou #4 : Veridiana

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Veridiana à Limoges
Véridiana à Limoges

L’Homme en Bleu adore pédaler. Pourtant il ne lui arrive pas très souvent de discuter avec d’autres amateurs de vélo : lorsque cela se produit, il en est ravi. Surtout si les gens en question font partie de celles et ceux qui viennent de l’étranger. A ce propos, pour son dernier rendez-vous, l’Homme en Bleu n’a pas seulement traversé la Vienne : il a traversé l’Atlantique ! Et oui, car il s’est arrêté parler avec Veridiana, originaire du Brésil. Elle est prof de pilates et – incroyable – aime pédaler : c’était d’ailleurs la première fois où l’Homme en Bleu n’était pas le seul à vélo pendant une de ses rencontres. L’occasion de poser quelques questions à Veridiana était trop tentante.


LHEB : Salut Veridiana, depuis combien de temps tu te balades à vélo dans Limoges ?

VERIDIANA : (rires) J’habite Limoges depuis 2019, donc ça fait quatre ans ! En réalité je suis en France depuis 2015. J’étais arrivée avec un visa tourisme, valable trois mois, mais je ne suis pas rentrée au Brésil pour autant. Finalement, après avoir vécu à Bordeaux, à Lille et à Agen, j’ai choisi Limoges, et je suis toujours très heureuse de ma décision. C’est ici que j’ai eu ma double nationalité.

Veridiana et surtout… son vélo !

LHEB : Félicitations ! Quel a été ton parcours ? Tu es prof de pilates, tu l’étais au Brésil aussi ?

VERIDIANA : Disons que c’est au Brésil que j’ai commencé. Je suis originaire de Campinas, à côté de São Paulo. Je suis kiné à la base, je travaillais en libéral, et je suis spécialisée en gérontologie, donc je m’occupais des personnes âgées. Le pilates était juste un outil pour la rééducation, mais j’ai quand même fait une formation. À mon arrivée en France, ce diplôme a été reconnu, contrairement à mes études de kiné. Du coup, j’ai laissé tomber mon ancien travail, j’ai tout misé sur le pilates et… ça a marché : je suis autoentrepreneuse depuis 2016. En plus de ça, je bosse également en tant que AESH (Accompagnant d’Élèves en Situation de Handicap) à l’école Jeanne d’Arc.

LHEB : Y-a-t il eu des difficultés, les premiers temps ?

VERIDIANA : Oui, d’abord la langue, car je ne parlais pas français. Maintenant ça va beaucoup mieux (rires) : mon travail à l’école a été très utile, dans ce sens. La météo a été un autre problème : à Campinas, lorsqu’il fait froid, il fait 15 degrés ! J’ai vu la neige à Lille pour la première fois de ma vie. Résultat : je ne savais jamais comment m’habiller. Je ne connaissais pas les changements de saison, puisque chez moi il y a presque tout le temps la même température. Ici, j’ai même appris des expressions concernant la météo, genre ‘froid de canard’ : c’était une nouveauté absolue pour moi ! C’est en France que j’ai découvert, par exemple, qu’il existe des chaussures imperméables : à Campinas on porte des tongs même quand il pleut, histoire de ne pas mouiller ses chaussettes. Il faut dire qu’au Brésil il y a une vraie culture des tongs, elles ont plusieurs fonctions ! Le vouvoiement était un autre concept assez compliqué pour moi : en effet je continue à tutoyer tout le monde, même au boulot, parce qu’au début je ne connaissais pas la deuxième personne du pluriel et j’ai pris l’habitude de ne pas m’en servir !

Veridiana à Campinas. Dress code toute l’année : chaussures ouvertes

LHEB : Quelles sont les choses qui t’ont le plus marquée, en arrivant en France ? Ou bien, si tu préfères, en arrivant à Limoges ?

VERIDIANA : J’ai l’impression que les Français veulent toujours avoir raison ! (rires) Il faut que la France soit toujours la première en quelque chose, même si c’est négatif : ça m’avait beaucoup marquée ! Sinon… mmm, la priorité à droite, car au Brésil ça n’existe pas. Et le manque de tactile entre les gens : moi je suis quelqu’un qui a besoin d’avoir un contact physique avec les autres, en France ce n’est pas évident. Ah, et les personnes qui pensent qu’au Brésil on parle brésilien, alors qu’on parle portugais. C’est vrai que parfois les émissions télé portugaises sont sous-titrées, chez nous, mais ça reste la même langue !
À Limoges j’ai été vite frappée par le fait que la ville ne soit pas plate : j’étais à vélo, moi ! (rires) Mais j’ai trouvé des gens très gentils, très ouverts, ils se sont tout de suite intéressés à moi. J’ai adoré Limoges assez rapidement : c’est une ville qui m’a porté chance. C’est chez moi, maintenant.

A Campinas, lorsqu’il fait froid, il fait 15 degrés !

LHEB : Comment tu vis la double nationalité ? Finalement il s’agit de deux continents différents, voire deux hémisphères différents.

VERIDIANA : Oh, plutôt bien. Je pense que cet aspect « double » faisait déjà partie de moi, de par l’histoire de mon pays : je représente le mélange de différentes cultures, car mon père est noir, tandis que ma mère est blanche. Mon prénom est d’origine italienne, d’ailleurs. Tout est un peu double, chez moi ! J’ai été kiné et prof de pilates. Puis prof de pilates et AESH. La double nationalité, c’est presque naturel. Bien sûr, les deux pays ne se ressemblent pas trop, ne serait-ce que pour des raisons géographiques. Il ne faut pas oublier que le Brésil fait quinze fois la taille de la France : la perception des distances, forcément, n’est pas la même. Par exemple, quand je dis que Campinas est à côté de São Paulo, cela signifie une centaine de kms : c’est presque rien, pour nous. Et São Paulo est bien évidemment une gigantesque métropole, mais Campinas compte quand même plus d’un million d’habitants.

LHEB : Quelles sont les choses de chez toi qui te manquent le plus ?

VERIDIANA : La famille, bien évidemment. Mais aussi la nourriture, les fruits, justement ! Le cupuaçu, notamment, un fruit presque introuvable en France, délicieux, très pulpeux, ça ressemble à du cacao. Quand je me rends au Brésil, malheureusement, il se trouve que c’est la mauvaise saison pour certains fruits, parce que tout est décalé : ici c’est l’été, là-bas c’est l’hiver. Les températures ne changent pas trop, mais il existe bien des saisons. Voilà, une autre chose qui me manque : la chaleur.

Le fameux cupuaçu : dans quelques années, on risque de l’avoir à Limoges, aussi

LHEB : Heureusement que c’est bientôt l’été, à Limoges ! À propos de notre ville, si tu avais été élue maire, quelle serait ta première décision ?

VERIDIANA : Bonne question. Je crois que j’investirais dans le social, d’abord. Je donnerais plus d’argent aux associations, par exemple. J’ouvrirais plus de crèches, au lieu de les fermer comme maintenant. Et… vu qu’on parlait de vélo, je ferais en sorte d’avoir plus de pistes cyclables !

LHEB : Aurais-tu un adjectif pour définir Limoges, en portugais ? (portugais et pas brésilien, hein)

VERIDIANA : (rires) ‘Adorável’, adorable. Comme je l’ai déjà dit, j’adore cette ville. En arrivant en France, j’avais trois objectifs : apprendre la langue, trouver un boulot, me faire des amis. Je sens que j’ai réussi à accomplir ces objectifs ici, à Limoges. C’est la ville de la chance, ‘a sorte’, en portugais.

J’ai adoré Limoges assez rapidement : c’est une ville qui m’a porté chance.

LHEB : Dernière question avant de reprendre la route, tous les deux : as-tu un endroit favori à Limoges ?

VERIDIANA : Tout d’abord, je trouve que la ville est magnifique. Les bords de Vienne, la Rue de la Boucherie : c’est vraiment très beau. Mais si je dois choisir un seul endroit, je dirais le quartier de la Cathédrale, car j’y ai habité. J’allais toujours me promener dans les alentours, même dans les Jardins de l’Évêché, un endroit que j’adore.

The Jardin de l’Evêché

LHEB : Merci beaucoup, Veridiana.

VERIDIANA : Merci, l’Homme en Bleu.


Si vous voulez faire du pilates avec Veridiana, vous pouvez allez la voir notamment chez Mudità ou la suivre sur sa page Insta !

Fabio
Italien de passeport, Limougeaud de cœur : pas de quoi en faire tout un cinéma. Il aime les jeux de mots pourris, l'IPA et faire semblant de s'intéresser à plein de choses.

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