N’en déplaise à Thomas Pesquet, l’Homme en Bleu a lui aussi tenté de défier les lois de l’apesanteur.
Sans quitter le plancher des vaches, il s’est rendu à l’exposition qui vient de s’ouvrir au FRAC-Artothèque Limousin. Pas de navettes spatiales à l’horizon, mais presque. L’idée de « Musées sans gravité » ? Interroger les principes de l’espace muséal en présentant des projets et des réalisations architecturales…
EDIT !
Pour le dernier mois de l’exposition “Musées sans gravité”, le FRAC-Artothèque propose des visites focus tous les mercredis à 16h.
Au programme :
19 avril 2017 : Focus sur le Centre Pompidou : le projet du Centre Pompidou Mobile et le projet architectural de Chanéac.
26 avril 2017 : Focus sur les architectures flottantes : le théâtre mobile de Haüsermann et du projet Microutopias du collectif IAN +.
10 mai 2017 : Focus sur l’architecture mobile utopique : le projet Archigram de Peter Cook et le collectif Aérolande.
17 mai 2017 : Focus sur le musée portatif : L’édition de Mathieu Mercier de la Boîte-en-valise de Marcel Duchamp et le classeur de performances de Chris Burden.
Art Attack !
Petite piqûre de rappel : les Fonds Régionaux d’Art Contemporain, crées en 1982, sont des collections régionales d’œuvres contemporaines (jusqu’ici tout va bien). Dans le cas du FRAC Limousin, il s’agit bien d’une institution majeure du paysage artistique local. Depuis 2015, il a fusionné avec l’Artothèque du Limousin, d’où son joli nom à rallonge.
Le FRAC, aujourd’hui situé non loin du Théâtre de l’Union, va bientôt élire domicile rue Charles Michel. Oui, la rue de la soif, celle-là même.
Ce déménagement a été l’occasion de s’interroger sur les conditions de présentation des œuvres d’art dans le cadre architectural qui les accueille, et l’exposition revient sur divers projets expérimentaux mettant en question l’espace muséal.
Pour cette exposition, le FRAC-Artothèque du Limousin a collaboré avec celui du Centre Val de Loire, dont la collection est largement orientée vers l’architecture expérimentale.
Ces croquis et maquettes correspondent à des recherches d’architectes qui, pour la plupart, n’avaient pas vocation à voir le jour. D’où des expérimentations originales, oscillant entre utopie et dystopie, témoignant d’un questionnement sur la façon d’exposer des œuvres dans une structure possédant elle-même une nature artistique forte.
C’est notamment le cas de Pierre Székely qui propose dès les années 1950 des architectures muséales pensées comme des œuvres en soi. C’est un des points communs des recherches présentées au sein de « Musées sans gravité » : les murs ne s’effacent pas devant les œuvres d’art, mais participent autant qu’elles à la « nature artistique » du lieu.
Art invaders
Un autre axe de réflexion est celui de la diffusion d’une collection : comment présenter une œuvre au plus grand nombre de personnes ? Plusieurs pistes sont mises en avant, comme la reproduction des œuvres d’art.
La plupart des croquis et schémas d’architecture exposés au FRAC sont d’ailleurs des reproductions, à la fois pour des questions pratiques (non, tu ne pourras pas feuilleter les carnets d’archives) mais aussi pour servir le propos de l’exposition. Et là se pose la question épineuse du statut de l’œuvre d’art : observer une reproduction revient-il à admirer un tableau de maître ? Tu as 4 heures.
Une autre piste est évoquée à travers divers projets de musées mobiles, du projet de théâtre flottant sur le lac Léman de Pascal Häusermann au Centre Pompidou mobile qui a présenté des œuvres de la collection nationale notamment à Cambrai, Libourne et Aubagne entre 2011 et 2013.
Enfin, « Musées sans gravité » présente également quelques réflexions d’artistes qui anticipent le problème de la diffusion de leurs œuvres en proposant des « musées portatifs ». Par exemple, Chris Burden, ce « performeur de l’extrême » (il a quand même été jusqu’à se faire tirer dessus avec Shoot en 1971) a consigné ses performances dans des classeurs, avec textes descriptifs et photos.
Idem pour Marcel Duchamp, dont la Boîte-en-valise présente 69 photos, fac-similés et reproductions de ses propres œuvres rassemblés dans une valise-présentoir. La version exposée au FRAC est elle-même un fac-similé réalisé par un autre artiste, Mathieu Mercier, à 3000 exemplaires.
Pour approfondir la chose, un espace de documentation est à ta disposition à l’entrée de l’exposition, avec notamment une initiative limougeaude des années 1980, le Muséotrain de la gare des Bénédictins.
À voir jusqu’au 20 mai 2017 au FRAC-Artothèque du Limousin
Impasse des Charentes, Limoges
Du mardi au samedi de 14h à 16h
Entrée gratuite
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