Quand l’Homme en Bleu ne pédale pas, il lui arrive de profiter du calme et de s’installer confortablement sur son fauteuil.
L’occasion pour lui de laisser de côté la fourmillement frénétique de la ville pour le calme bucolique de sa chaumière.
Et quand il est OKLM, il laisse place à son imagination et à l’une de ses activités favorites : la lecture.
Mais son âme chauviniste est tout de même de mise, il lit Limougeaud.
Et ça tombe bien, car aux détours d’une terrasse populaire et en sirotant un jus d’orange, il a fait la rencontre de Maud Mayeras, romancière Limougeaude qui a bousculé les critiques.
Maud Mayeras a (presque) toujours été fasciné par le monde suffoquant, moite et horrifique du polar.
Parmi ses influences, on retrouve Stanley Kubrick et son cultissime long-métrage “Shining“.
Concernant les auteurs, son cœur s’est presque arrêté lorsqu’elle caressa les pages des ouvrages de Stephen King. C’est à 11 ans qu’elle découvre son premier crush littéraire.
C’est cet auteur qui a poussé Maud Mayeras a emboîter le pas, de prendre des piles de papiers (ou de torturer son clavier d’ordinateur) et de se lancer dans l’aventure romanesque de l’écriture.
Mieux, en 2006, elle concrétise son premier roman “Hématome”. Depuis, l’écrivain vogue sur les intrigues, confirme son talent avec la sortie encensée de “Reflex” en 2013 et va prochainement nous inviter à bord de son troisième opus : Lux.
Rencontre avec une auteure que vous ne devez pas louper.
LHEB : Il y a eu un gap de 8 ans entre Hématome et Reflex, est-ce que ce pont est dû à la pression du succès du premier opus,ou peut-être que tu as été freinée par la peur de la “page blanche”, syndrome connu par tous les écrivains ?
Maud M. : Pas du tout, au départ je pensais qu’Hématome serait un “one shot”, je n’imaginais pas du tout qu’il y aurait un autre livre après. Et puis ma vie personnelle a aussi pris le pas sur mon activité-passion d’écrivain avec mon mariage, mon fils…
Des événements de la vie qui sont plus importants que l’écriture et qui m’ont pris du temps. Puis au fil des années, beaucoup de gens qui ont apprécié Hématome me demandaient quand est-ce que j’allais réécrire… Tout cela crée un manque, le manque d’écrire…
Hématome, ton premier roman sorti en 2006, a été salué par la critique. Tu as même été finaliste du Prix Polar SNCF. Est-ce que cela t’as permis d’avoir des ristournes à vie pour un moyen de transport qui, soyons honnête, est devenu un moyen de locomotion de nanti ?
(rires) J’aurais bien aimé avoir une carte senior afin de me déplacer à bas coût mais ce n’est pas le cas.
Je continue de payer mes voyages plein pot, mais peut être que le gagnant lui a des réduc’.
Quelle a été l’étincelle qui t’as remis en selle ?
À partir du moment où j’ai eu pour projet d’avoir un enfant. L’idée a émergé de toutes les angoisses que peut avoir une maman.
Mais l’autre facteur déterminant a été aussi de discuter avec d’autres auteurs, eux aussi confrontés à la “malédiction” de la page blanche. J’ai ainsi pu relativiser, notamment sur l’idée d’arrêter ou de se freiner par peur de faire un mauvais livre.
Quand on lit Reflex, on sent une angoisse autour de la thématique de l’enfance, tu m’as dit précédemment que tu as rédigé ce manuscrit au moment où tu envisageais d’avoir une progéniture. C’était une sorte d’auto-thérapie ce roman ?
Il y a du vrai. Je ne voulais pas vraiment extérioriser sur papier particulièrement les traumatismes liés à l’enfance.
Mais c’est un thème qui me fascine à vrai dire.
Car de l’enfant, on peut faire ce que l’on veut. On peut l’emmener vers quelque chose de bon ou de mauvais selon nos décisions d’adultes. Que ce soit à travers l’éducation en famille, à travers l’école ou même un mouvement politique par exemple.
Et ces expériences que nous traversons tous lors de notre croissance peuvent avoir diverses répercussions. Des vertus ou des vices peuvent en ressortir. En tout cas c’est ce que j’ai voulu narrer en filigrane dans Lux, des histoires d’enfants qui ont “bien” ou “mal” grandi, qui se sont construits avec un entourage malfaisant ou qui se sont construits eux-mêmes.*
*cependant Maud nous a assuré que son livre n’était pas manichéen. Promis.
Dans tes 2 romans, on constate que le récit se déroule toujours dans l’obscurité, la nuit (ndlr : pour un roman Noir quoi de plus normal). Est-ce que c’est par souci d’héritage et de respect pour la narration du roman Noir que tu perpétues la tradition noctambule ou est-ce que c’est un transfert que tu fais pour nous dire inconsciemment que t’es pas du matin ?
Encore une fois tu te trompes cher Homme en Bleu, car je me lève tôt et ne me couche pas vraiment tard. Mes romans se déroulent la nuit, tout simplement car c’est inhérent à l’univers du cinéma d’épouvante.
Même si je pense que les meilleurs films d’horreur se passent le jour car la lumière nous permet d’observer pleinement l’action.
Je soupçonne d’ailleurs certains réalisateurs de nous proposer des productions qui se déroulent la nuit afin de masquer les imperfections, le manque de moyens en effets spéciaux et le côté “facile” de la peur de l’obscurité.
En tout cas pour mon prochain roman Lux, la plupart de l’action se déroulera en plein jour, sous le poids suffocant du soleil et des paysages désertiques. Ce sera différent.
Récemment, on a pu lire une déclaration de Quentin Tarantino qui nous a révélé que tous ses films avaient des liens scénaristiques entre eux. On constate pas mal de similitudes entre tes romans…
Mes romans ne s’articulent pas entre eux. Les personnages et les scénarios de mes livres ne sont pas du tout liés. Après j’espère qu’il y a tout de même une certaine évolution dans l’écriture, on retrouve les mêmes tournures de phrases, et puis je l’admet, avoir une certaine obsession pour la thématique de l’enfance et l’éducation. (rires)
D’ailleurs en parlant de cinéma, si une boite de production t’approche pour racheter les droits d’un de tes livres pour une adaptation sur les écrans, ça te brancherait ?
Je suis actuellement en discussion avec des personnes de ce milieu pour de futures adaptations d’Hématome et de Reflex ! Même si nous sommes encore au stade embryonnaire de ce double-projet !
Format Ciné ou Télé ?
Les deux. On y est pas encore mais ce serait chouette ! Je discute actuellement avec des réalisateurs, mais il nous manque un soutien au niveau de la production. Donc si vous nous lisez et que vous êtes intéressé, n’hésitez pas.
Venons en au fait, c’est quoi le synopsis de ton prochain livre Lux ?
C’est l’histoire d’un français qui passait un été en Australie, qui a vécu des choses très belles, avec une histoire d’amour, mais aussi des choses terribles. Le point de départ de l’intrigue se situe lorsque ce dernier retourne sur le continent 20 ans plus tard pour assouvir une vengeance de longue date. Pour la première fois ce sera un personnage masculin au centre de la tourmente.
La sortie du livre est prévue pour le 6 octobre, il me semble que c’est le jour de ton anniversaire. En plus de la sortie du bouquin, est-ce qu’il y aurait un autre cadeau qui te ferait plaisir ?
Paye moi un voyage en Australie. Ou sinon des shokobons.
Lorsque l’on prend les premières lettres de tes trois romans cela donne “HRL” (ndlr Hématome – Reflex – Lux).
Et quand on tape cet acronyme sur Google, on tombe sur le site officiel de la Ligue Américaine de Régates d’Hydroplanes. Connaîs-tu ce sport ? Est-ce que cette discipline confidentielle sera mise en lumière dans Lux ? Est-ce que l’intrigue de Lux se déroulera dans un pays Anglo-Saxons ? Es-tu une Illuminati ?
(rires) Alors déjà, je ne suis pas une Illuminati. Et je ne connais pas non plus l’hydroplane. Par contre cette fois-ci, le lecteur saura où se déroule l’intrigue. Lux se passera dans une toute petite ville d’Australie (ndlr : On ne vous révélera pas le nom de cette bourgade) d’environ 500 habitants.
Pour la trouver, j’ai pris un planisphère et choisi aléatoirement une commune australienne.
Un peu comme le papy dans la fameuse pub du Loto ?
Oui absolument, c’est ça. Mais plus intéressant encore, c’est que cette démarche “au pif” a attisé en moi un intérêt pour ce continent.
J’explore pour le moment virtuellement l’Australie grâce à Google Street View. Ça m’inspire… mais ça me file aussi la gerbe. C’est assez perturbant d’explorer un territoire via des images satellites/photographies !
Tu as aussi une passion dévorante pour la musique. On a pu découvrir cela grâce à une playlist rock fournie dans Reflex. Parlons musique, parlons Limoges : Qu’as-tu pensé de Limoges Opéra Rock ?
(rires) Pour rester courtoise et polie, je suis très étonnée de la médiatisation autour de LOR alors que certains groupes locaux sont excellents, font leur trou de leur côté et nous font des propositions musicales très intéressantes. Pourtant ils sont quasiment absents du paysage médiatique conventionnel.
Je pense notamment aux Sapphics, I am a Band, The Rise & Fall of Frankenotters pour ne citer qu’eux…
C’est dommage que ces démarches musicales ne soient pas plus mises en avant. Mais positivons, nous avons quand même eu Lost In Limoges qui a permis un peu de rattraper les pots cassés… Même s’ils auraient pu laisser un peu plus de place aux premières parties de la région ! #MessageSubliminal
Dernière question, c’est quoi le pire entre : Des voisins qui écoutent toute la journée à pleine balle Maître Gims OU le syndrome de la page blanche ?
Sans hésiter, les voisins qui écoutent à fond Maître Gims
À bon entendeur, merci beaucoup Maud
Merci !
Lux – Éditions Anne Carrière
Sortie : 6 octobre 2016
Où le trouver : Chez tout bon libraire
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