Conversation(s)

Conversation(s) avec David Foenkinos

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Auteur de romans, réalisateur, dramaturge… David Foenkinos multiplie les casquettes tant qu’il s’agit de raconter de belles histoires. Cette année, il présidait également Lire à Limoges, le Salon du livre qui a accueilli 300 auteurs sous son chapiteau du 3 au 5 mai derniers.
Nous rencontré l’auteur de la Délicatesse et de Charlotte pour jouer aux devinettes, et le moins que l’on puisse dire c’est qu’il s’est prêté au jeu avec beaucoup de bonne humeur.


LHEB : Bonjour David. première question, premier choix cornélien : Lire ou écrire ?

David Foenkinos : C’est déjà une torture votre truc ! Si je devais vraiment choisir entre lire et écrire… je pense que je garderais écrire. Mais je me lirais moi, du coup (rires).

LHEB : « L’insoutenable vérité du désastre » (phrase issue de son roman Vers la beauté, paru en 2018) ou « L’insoutenable légèreté de l’être » (titre d’un roman de Milan Kundera, paru en 1982) ?


David Foenkinos : Je choisis Kundera, car j’en avais fait un des personnages de mon premier roman, un faux Kundera [Inversion de l’idiotie, paru en 2002 chez Gallimard], et après, au moment de la Délicatesse [paru en 2009 chez Gallimard], il m’avait envoyé des dessins, il me téléphonait… J’ai eu une vraie relation avec lui, c’était extrêmement intimidant. C’était mon idole et c’était extraordinaire.


LHEB : Bibliothèque ou musée ? 


David Foenkinos : Musée. Je vais me mettre à dos toutes les bibliothèques ! Je pense que le musée c’est incontournable pour voir des oeuvres d’art, alors que des livres on peut toujours s’arranger pour en trouver en dehors des bibliothèques. Mais je suis quand même un gros psychopathe de la bibliothèque : partout où je vais, j’adore en visiter.


LHEB : Il faut aller à la Bfm de Limoges, elle vaut le détour !


David Foenkinos : J’aimerais beaucoup la voir ! Je ne sais pas si j’aurais le temps, mais je vais essayer d’y aller avant la fin du week-end.

Photo : Emmanuelle Mayer


LHEB : Peinture ou cinéma ?


David Foenkinos : A choisir, plutôt cinéma. Je suis aussi réalisateur, je ne pourrais pas me passer du cinéma.


LHEB : Aller à un concert ou écouter un disque ? 


David Foenkinos : Ecouter un disque ! Ça me permet de pouvoir écouter de la musique, chez moi, quand j’en ai envie.


LHEB : Si on s’intéresse d’un peu plus près aux grands thèmes de tes livres, est-ce que tu préfères écrire sur une relation ou une séparation ?


David Foenkinos : Une relation. Sans hésitation.


LHEB : Dans tes livres, les personnages se vouvoient beaucoup. Alors, vouvoiement ou tutoiement ?


David Foenkinos : C’est bizarre parce que moi je tutoie facilement, surtout en fin de journée (rires). Mais à l’écrit, je préfère le vouvoiement.


LHEB : Tu décris beaucoup à la fois les sentiments et les sensations. C’est quoi le plus intéressant, le corps ou l’esprit ?


David Foenkinos : C’est pareil, le sentiment ou la sensation. Il n’y a pas d’opposition. D’ailleurs pour moi, la dimension principale du sentiment se traduit par le physique. Si tu as des sentiments pour quelqu’un, ça se manifeste physiquement.


LHEB : Pour écrire, tu es plutôt monastère silencieux ou bistrot bruyant ? 


David Foenkinos : Je préfère le bruit ! Mais pas le bistrot, le train ! J’adore écrire dans les trains. J’aime le bruit doux et le mouvement.


Photo : Emmanuelle Mayer


LHEB : Pour documenter tes livres, tu te balades sur internet ou tu vas sur le terrain pour interroger des gens ?


David Foenkinos : J’enquête très peu ! Mais j’observe beaucoup… Je pense que tu ne peux pas être écrivain si tu n’es pas curieux, à l’affût des détails. Je me nourris beaucoup de tout ce qui se passe autour de moi. A part pour Charlotte, je ne me suis jamais vraiment documenté. Au contraire, j’invente, je fais ce que je veux. Je ne suis pas à la recherche d’une véracité.

Et même, j’aime bien écrire sur des sujets sans trop les connaitre. Par exemple, je ne sais pas ce que c’est que d’être suédois, ou d’être veuve. Dans Vers la beauté, il est question d’une exposition de Modigliani qui se passe au Musée d’Orsay, même s’il n’y en a jamais eue. Idem pour le Mystère Henri Pick, qui se déroule principalement à Crozon, en Bretagne, où je suis allé, mais il y a plus de 20 ans. Je n’ai pas cherché à décrire la ville de manière précise, mais par rapport à l’histoire du roman, je voulais que la Bibliothèque des livres refusés se situe au bout de la France, que les gens aient à traverser tout le pays pour remettre leurs manuscrits en mains propres et se délester du fruit de leur échec.


LHEB : Et pour revenir à notre bon vieux Limoumou, cuir ou porcelaine ?


David Foenkinos : Cuir. D’ailleurs, j’ai l’impression que l’association directe entre Limoges et la porcelaine s’est un peu calmée, c’est positif, Limoges ce n’est pas que de la porcelaine !


LHEB : Si on te dit limousine, tu penses vache ou voiture ?


David Foenkinos : Si je suis honnête, si je pense à une voiture.


LHEB : Foire du livre de Brive ou Lire à Limoges ?


David Foenkinos : Brive est le plus gros en région, mais les deux sont très puissants, très fréquentés et reconnus. Mais j’ai un faible pour Limoges, car c’était mon tout premier salon littéraire, en 2002 ! Et puis je fais partie du jury du prix Régine Desforges, remporté cette année par l’excellent A la ligne de Joseph Ponthus.


LHEB : Qu’est-ce que ça fait d’être président d’un salon littéraire ?


David Foenkinos : Ca fait extrêmement plaisir ! Cette fonction m’a permis de mettre en avant des auteurs que j’apprécie, comme Edouard Bureau qui vient de publier son premier roman, Le lion sans crinière, ou Jean-Marie Laclavetine, mon éditeur, dont je trouve le dernier roman, Une amie de la famille, particulièrement fort.


Encore merci à David Foenkinos pour sa bonne humeur et sa disponibilité !
Son dernier roman, Deux soeurs, est disponibles dans toutes les librairies. Le film Le mystère Henri Pick, adapté du roman du même nom, réalisé par Rémi Bezançon avec Camille Cottin et Fabrice Luchini, est sorti le 6 mars dernier.

Une interview réalise par Marine & Emma

Marine
Cet auteur.trice n’est plus dans la rédaction ! Historienne de l'art et avide de culture en général, elle aime les soirées jeux vidéo, les gens à l'humour douteux et la flognarde.

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