L’Homme en Bleu est parti à bicyclette à la rencontre d’Anaïck Perrochon, Directeur adjoint chargé de la recherche à l’ILFOMER (Institut Limousin de Formation aux Métiers de la Réadaptation) et responsable du Centre de Simulation Virtuelle en Santé qui a ouvert ses portes fin d’année 2018 qui est situé à la Faculté de Médecine et Pharmacie de Limoges.
L’occasion idéale pour en savoir plus sur cet enseignant-chercheur qui contribue à l’entrée de la réalité virtuelle dans le monde de la santé !
LHEB : Bonjour Anaïck, peux-tu te présenter en quelques mots ?
Anaïck Perrochon : Bonjour à tous, Anaïck, bientôt 35 ans, cela fait 5 ans que je travaille pour l’Université de Limoges. J’ai commencé en tant que Maître de Conférences pour l’ILFOMER qui a été fondé en 2012.
Ma mission à l’époque était de prendre un poste universitaire pour travailler sur les Sciences de la Réadaptation, ce qui était inédit en France.
J’ai beaucoup travaillé dans un premier temps sur l’étude des cognitions de motricité et progressivement je me suis tourné de plus en plus sur les enjeux de la réalité virtuelle et du potentiel de cette dernière pour ce qui concerne les Sciences de la Réadaptation, mais aussi pour l’enseignement en santé.
LHEB : Et depuis fin 2018, tu es le responsable du Centre de Simulation Virtuelle en Santé, quézako ?
Anaïck Perrochon : Ce centre a vu le jour à la suite d’un appel à projet qui nous a été favorable.
Concrètement, l’idée est d’utiliser la réalité virtuelle pour effectuer des choses que l’on est pas capable de réaliser encore dans le réel.
C’est un espace de 70 m2 composé d’une salle dédiée à la phase de production, d’une salle modulaire d’enseignement, d’un espace dédié aux expérimentations et à la formation de formateurs.
Aujourd’hui, le CSVS réalise surtout des projets dédiés spécialement aux étudiants en santé, qui leur permet de se former à leurs futurs métiers en santé notamment par l’interactivité et l’immersion de la réalité virtuelle.
Parallèlement, nous développons également des applications cliniques telles que des programmes d’entraînements à destination des patients (réalité virtuelle couplée à des systèmes robotisés à la marche) ou des environnements virtuels pour des professionnels hospitaliers pour les aider à étudier un espace précis (visite d’une chambre d’hôpital, d’un bloc opératoire….).
LHEB : Le CSVS est un espace destiné exclusivement pour la formation et la recherche, pourquoi ne pas l’ouvrir au public ?
Anaïck Perrochon : Ce lieu n’est pas ouvert au public mais seulement aux étudiants. Néanmoins, on organise aussi dans le cadre de la formation continue, des sessions avec des professionnels du CHU pour que les systèmes sur lesquels on travaille, soient appliqués à destination des patients.
Par exemple, on nous a sollicité sur un projet venant d’un EHPAD qui souhaite améliorer l’expérience de vie de ses résidents via l’outil numérique qu’est la réalité virtuelle. Nous leur avons présenté les bienfaits de la réalité virtuelle et surtout sa capacité à “détourner l’attention” des patients.
A terme, ces systèmes pourraient être utilisés pour former les professionnels de santé à des simulations de masse (tuerie de masse, pandémie, etc.).
LHEB : Et après un an de service, quel premier bilan pour le CSVS ?
Anaïck Perrochon : Depuis le lancement en décembre 2018, nous avons mis en place 7 projets de recherche sur le long terme et nous sommes aujourd’hui identifié à l’échelle nationale.
Pour vous donner un exemple de projet, on a développé un programme pédagogique à destination de la formation des futurs infirmier(es), chirurgiens et anesthésistes que l’on a nommé “bloc opératoire des erreurs virtuel”. Il s’agit ici pour un étudiant de mettre son casque de réalité virtuelle et de procéder
Le principe de la chambre des erreurs existe déjà en réel, mais nous avons créé une version en réalité virtuelle afin d’apporter un outil pédagogique qui peut s’adresser à plusieurs étudiants en même temps et ainsi gagner du temps lors de la formation.
Cependant, la principale difficulté que l’on rencontre, c’est l’évolution technologique exponentielle des outils numériques de réalité virtuelle. Cela veut dire que l’on doit souvent faire de la veille pour découvrir les nouveaux casques, réajuster notre parc de matériel, former nos chercheurs et étudiants à ces nouveaux casques… Ce qui est un poste de dépense non-négligeable.
LHEB : Parlons maintenant de ta relation avec notre bon vieux Limousin, qu’est-ce qui te plaît le plus ici ?
Anaïck Perrochon : Sans aucun doute la qualité de vie ! Ayant travaillé par le passé à Poitiers et Paris, je me sens mieux dans mon quotidien à titre personnel ici à Limoges.
Le fait d’être à 5 minutes de son travail, de trouver des bons produits accessibles et frais, le coût de la vie de manière général apporte un certain confort !
LHEB : Et qu’est-ce qu’il te plaît le moins ?
Anaïck Perrochon : L’attractivité et les infrastructures de transport qui ne sont pas encore au rendez-vous. Pour avoir fait venir à deux reprises des conseillers de l’Enseignement Supérieur de la Recherche et de l’Innovations (MESRI), j’ai constaté qu’il est parfois difficile de leurs demander de faire 6 heures de trajet aller-retour pour découvrir nos travaux.
Je prends cet exemple là, mais il s’applique pour tous les secteurs d’activités dans la région qui souhaitent s’ouvrir à l’échelle nationale. On a encore du mal à faire venir des gens de l’extérieur, c’est dommage !
LHEB : Question science-fiction : Penses-tu que l’on arrivera dans un futur proche à un monde de “réalité augmentée” ?
Anaïck Perrochon : La réalité virtuelle est aujourd’hui la seule technologie qui a véritablement pénétré le marché, là où la réalité augmentée peine encore à se faire une place.
Cependant, je pense que dans un avenir proche, la réalité augmentée va suppléer la réalité virtuelle que l’on connaît aujourd’hui.
Est-ce une bonne nouvelle ? Je n’en suis pas certain…
LHEB : Pour conclure, que peut-on te souhaiter pour la suite ?
Anaïck Perrochon : J’aimerais dans le cadre de futurs autres recherches ou projets, travailler plus en profondeur les questions de la neuropédagogie [NDLR : les neurosciences couplées à la pédagogie] afin de mieux comprendre comment l’être humain apprend.
Là aussi, je pense que l’outil numérique qu’est la réalité virtuelle peut avoir un rôle prépondérant pour avancer dans ce domaine de recherche qui reste encore peu exploré.
LHEB : Merci Anaïck
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