L’homme en bleu en avait un peu marre des soirées bières et potos qui rythment ses week-ends. Un vendredi soir, il s’est décidé à franchir les portes du seul cabaret de la région : Tapis Rouge.
Le temps d’une soirée, il a renoué avec les plaisirs du music-hall, s’est émerveillé devant quelques numéros d’acrobates et a donné de la voix au risque de fâcher la météo. En piste l’artiste.
Années folles et Rococo
Avant le dîner, avant le spectacle, il y a l’accueil. Passé le petit rideau rouge qui donne sur la grande salle, on se retrouve à côté du bar. Visiblement, nous sommes attendus : « Bonsoir ! Bienvenu au Tapis Rouge ! » sourient quelques danseuses et danseurs aux tenues fleuries. Les hommes portent une chemisette blanche marquée de fleurs rouges et un pantalon bouffant – comme celui d’Aladdin ! -. Les femmes sont coiffées de fleurs, tunique bleu marine et maquillage impeccable.
On vient tout juste d’arriver, nous sommes les premiers et la grande salle s’offre à nous. Au plafond, des lustres tentaculaires couleur bronze viennent souligner la dimension des lieux. Toutes les tables sont dressées, les chaises rouges sont parfaitement alignées et les couverts brillent sous les faisceaux d’une lumière pourtant tamisée. On s’installe tranquillement à la place qui nous est réservée et on observe.
Chaleureux, propre, chic et décontracté, on retrouve clairement ce côté music-hall des années 60-70. Les teintes sont rougeâtres, le mobilier cosy. Fumeur ou non, on aimerait presque voir cette salle plongée dans quelques volutes de fumée. Mention spéciale à la moquette quelque peu « léoparde » – qui donne clairement envie d’enlever ses chaussures – qui semble nous promettre une soirée féline. La grande scène niche tout au fond de la salle, on y devine une sorte balcon que les artistes exploiteront au fil du spectacle.
On nous amène finalement une petite coupe de bienvenue en guise d’apéritif, on observe les spectateurs qui arrivent les uns après les autres. Et visiblement, ce soir-là, les limousins ont répondu présents : la salle sera pleine. 160 spectateurs sont venus assister à l’une des dernières représentations du spectacle « Jungle Cabaret » qui a animé la saison 2017-2018 du Tapis rouge. Le pitch est simple : John O’connor, propriétaire d’un théâtre à Édimbourg, décide de mettre les voiles direction l’Amérique pour monter le spectacle de sa vie.
Évidemment, le voyage ne va pas se passer comme prévu. Sur scène, Rémi Pleindoux déboule sur la scène pour accueillir son public. Silence dans la salle : voici la chanson d’accueil.
« Je chante et je danse depuis que je suis tout petit »
Rémi Pleindoux, 53 ans, c’est le patron des lieux sans qui rien n’aurait été possible. Petit, costaud, voix rauque et tenues affriolantes, Rémi chante et danse depuis toujours. Au-delà de la gestion de son établissement, il accompagne chaque soir les artistes comme maître de cérémonie et chanteur. « J’ai fait mes premières scènes avec mes parents à Aix-en-Provence. J’ai toujours baigné dans la danse et la chanson », explique-t-il après son spectacle, encore essoufflé par la prestation de la soirée.
Pendant 30 ans, Rémi a voyagé partout sur la planète et s’est produit sur des scènes aussi différentes que celles de la Comédie Musicale, du Bal populaire, du Jazz et de la Revue de music-hall. Il a partagé le devant de scène avec certains des plus grands artistes du métier.
Le bonhomme est partout, pour tout le monde et par tous les temps. « Je travaille 18h par jour, je n’ai pas le choix ! », s’exclame celui qui aura bien fait marrer la salle pendant toute la soirée. « Il m’est d’ailleurs arrivé qu’on me reproche quelques blagues grivoises ou salaces. Mais je m’en fous. Je suis naturel, je ne prépare rien, si j’ai envie de sortir une vanne, je sors une vanne ». Voilà qui est dit.
Bon chanteur et plein d’énergie, Rémi anime la salle avec une aisance à faire pâlir les plus timides d’entre-nous. Rémi n’hésite d’ailleurs pas à taquiner le spectateur venu l’esprit trop serein. Mention spéciale à Monique, qui ce soir-là, a découvert la scène vêtue d’une tunique marocaine quelque peu… colorée.
Véritable touche à tout, Rémi écrit ses propres spectacles, travaille la scénographie et fait lui-même le montage des vidéos qui habillent ses spectacles. Et les vidéos, elles sont centrales au Tapis Rouge. L’établissement s’est doté d’un immense écran de 30 m2 qui trône derrière la scène.
La mise en scène des spectacles s’appuie beaucoup sur cet écran qui fait apparaître des paysages variés au fil des numéros. La jungle, la mer, le soleil, la pluie, le métro, toute la soirée, les artistes jouent avec ce décor virtuel histoire de confonde un peu plus le rêve et la réalité.
Une dizaine d’artistes et un nouveau spectacle chaque année !
Les artistes justement, ils sont plutôt nombreux au Tapis Rouge. « On a une dizaine d’artistes qui se produisent tous les soirs. Nous avons 4 danseuses, 2 danseurs, 1 acrobate, 1 chanteur, 1 chanteuse et 1 magicien » précise Sylvie Mourgaud, responsable commercial de l’établissement.
Pendant plus de deux heures, les performances se succèdent donc, les costumes brillent, la lumière s’agite et la musique bat son plein. Qu’on se le dise, si les spectacles proposés au Tapis rouge sont très variés, avec des numéros d’acrobates, de magie ou de danse, il s’agit avant tout de spectacles musicaux.
L’homme en Bleu a particulièrement été séduit par la ravissante Laura Flavry, chanteuse titulaire du Tapis Rouge, qui sait réinterpréter des chansons – pour la plupart Françaises – majeures sans dénaturer ces œuvres bien connues du public.
« On a vraiment voulu un spectacle familial. Nous avons des jeunes, des vieux, certains viennent pour un anniversaire, d’autres pour la St Valentin, etc. Nous sommes en Limousin, nous sommes un peu obligés d’élargir notre proposition pour attirer un maximum de gens », explique Rémi.
Et que les plus coquins d’entre vous le sachent : ici, pas de femmes dénudées, pas de danses lascives, pas de suggestions coquines ou cachottières. Si vous cherchiez un spectacle façon Crazy Horse, passez votre chemin.
Des produits locaux pour nos papilles
Une soirée au Tapis rouge, c’est aussi un dîner. Et côté cuisine, c’est bien simple, l’Homme en Bleu aura fini toutes ses assiettes. Il aurait d’ailleurs bien mis un coup de fourchette dans celles de son voisin.
Ce soir-là, il aura eu droit à du foie gras, un suprême de volaille fermière au citron et une délicieuse pièce de chocolat en guise de dessert. « On se fournit essentiellement auprès de producteurs du coin », explique Sylie.
Tous les plats sont préparés sur place par la femme du patron, Nawal Pleindoux, et tous arrivent à rythme soutenu sans être oppressant pour le client. De ce côté là, rien à dire, le service est irréprochable.
Avec une coupe de bienvenue, un petit verre de blanc pour accompagner le fois gras et deux bouteilles de vin pour six personnes, l’homme en Bleu a bien failli devenir tout rouge.
Autres festivités qui accompagnent le repas, notre ami le magicien qui passe de table en table pour faire l’un de ses tours aux secrets bien gardés.
Un quizz musical est aussi organisé à la fin du repas, histoire de remporter un cadeau préalablement tiré au sort. Et op, une bouteille de champagne gratos.
Bref, si l’Homme en Bleu n’est pas un féru de cabarets et si l’art de la danse ne lui est pas particulièrement familier, il aura assurément passé une bonne soirée. Et la recette du cabaret made in Limousin semble plutôt bien fonctionner : « depuis notre ouverture en 2015, nous avons fait 33 000 spectateurs », conclura Rémi.
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