« Les routes bleues » : à la découverte de la couleur des rois

 L’Homme en Bleu aime la culture alors quand il a appris que le musée Adrien-Dubouché proposait une expo estivale d’un niveau rarement vu à Limoges, qui plus est baptisée « Les routes bleues », ni une, ni deux, il a enfourché son vélo pour aller voir, en avant première et rien que pour toi, cette expo toute bleue.

Ton compagnon de route t’entend déjà marmonner que si c’est pour aller voir des assiettes, autant rendre visite à ta mémé de Feytiat, elle au moins elle te donne 20 euros quand tu te déplaces. Fais confiance à ton site d’information préféré, cette expo c’est de la balle.

Des œuvres rares et prestigieuses

Passée la déception de découvrir que tu ne verras pas la combinaison de l’Homme en Bleu, tu seras étonné d’apprendre que sur les 105 œuvres proposées, près de 80% sont des prêts, ce qui est exceptionnel, mais en plus, que les prêteurs sont tous plus prestigieux les uns que les autres.

Salle de l’exposition au musée Adrien Dubouché

Musée du Quai Branly, Musée du Louvre, Centre Pompidou, Institut du Monde Arabe, BNF ont prêté quelques unes des pièces maîtresses de leurs collections, par ailleurs rarement exposées. En te rendant au musée Adrien-Dubouché tu verras donc des œuvres rarissimes qu’on a pas montré depuis longtemps dans les plus grandes capitales européennes. Conçu comme un dialogue entre pièces historiques et créations contemporaines, le circuit te fera cheminer de la Mésopotamie à l’Egypte ancienne, en passant par l’Europe, l’Inde et l’Asie à la découverte de l’histoire de cette couleur si chère à ton cœur.

La section bleu et or de l’exposition “Routes bleues”

Au fil des vitrines organisées en 8 sections (le bleu et nous, bleu lapis-lazuli, bleu turquoise, bleu et blanc, bleu indigo, bleu et or, le langage bleu et bleu de l’horizon), tu découvriras des pièces uniques comme un splendide Kandinsky* (la classe !) tout bleu, un exemplaire original de l’Encyclopédie des Lumières de Diderot, l’une des toutes premières estampes japonaises, et des amulettes égyptienne du 2ème millénaire avant notre ère.

Des secrets révélés…

Mea culpa, tu découvriras aussi que même si l’Homme en Bleu incarne superbement la couleur des rois, il ne l’a pas inventé. Car le bleu, vois-tu, fut employé plusieurs millénaires avant l’invention de la bicyclette.

Ça n’est pas le seul secret que te révélera cette exposition. L’Homme en Bleu préfère te prévenir afin de t’épargner une émotion trop vive. Tu apprendras en effet que les chinois qui ont longtemps laissé planer l’idée qu’ils étaient les premiers dans l’histoire des civilisations à avoir employé le bleu, sont de gros menteurs, et cultivent depuis plusieurs siècles, non sans une certaine malice, le goût de la contrefaçon. Sache en effet, que les premiers artistes à avoir utilisé cette couleur, viennent d’Orient. Voilà c’est dit.

Labyrinthe n°5 (Triptyque) Mounir Fatmi, 2012 Collage avec tapis de prière

Raison pour laquelle le musée a choisi d’exposer beaucoup d’œuvres contemporaines orientales afin de te montrer comment les artistes actuels dans ces pays réinterprètent cette couleur employée par leurs ancêtres.

Tu apprendras surtout, que le bleu fut la couleur des divinités (Vishnou et Shiva ont par exemple mis le bleu à la mode dans le panthéon indien). Ce fut ensuite au tour des rois et des reines d’adopter ce fashion code, avant qu’il ne soit repris à son compte par la bourgeoisie.

Ce n’est qu’au tournant du 19ème siècle que le bleu est devenu la couleur la plus usitée de ta garde-robe, (merci ou blue jean de James Dean et au bleu de travail de LHEB). A partir de là, le bleu est devenu dans la création, l’image du progrès, de la modernité, de l’avenir (ça ne te rappelle pas quelqu’un ?)

1ère machine à écrire américaine populaire ET bleue, années 1970

Tu découvriras aussi que le bleu fait rêver, et a souvent eu une évocation positive, rattachée à un travail délicat et fin. En témoigne, une robe en velours de soie de Lyon brodée de fil d’or datée de 1867, exposée en milieu de parcours, mais encore ces jolies épingles à cheveux qui nous sont parvenues de la Chine du 19ème, intactes quoique extrêmement fragiles car ornées de véritable plumes de martin-pêcheur (c’est un petit oiseau tout bleu).

La sélection de l’homme en bleu

Un peu plus loin, l’Homme en Bleu a craqué pour une splendide composition, « les pensées bleues », de l’artiste contemporain Alexis Hadjimichalis et ces millions de nuances bleu roi, électrique, irisé…

Il était près à l’emporter pour la mettre dans son salon, quand il a appris que c’était des ailes de papillons. Tu t’en doutes, l’Homme en Bleu ne peut pas cautionner un tel génocide.

“Les Pensées bleues”, Platon-Alexis Hadjimichalis, 2013 Collection Fondation Boghossian, Bruxelles

En se baladant il a aussi été ému de découvrir qu’un artiste avait créé une œuvre monumentale baptisée « Planète Indigo » spécialement pour le musée et pour cette exposition. C’était avant d’apprendre que ce Nasser Soumi se faisait aussi appeler « Indigo Man ». Or, tu le sais, il ne peut y en avoir qu’un.

Du coup l’Homme en Bleu a jeté son dévolu sur un harnachement de cheval Mamelouk retrouvé sur le champ de bataille des Pyramides en 1798 qui fut offert à Napoléon. Recouvert de vermeil, lapis-lazuli et de corail, il s’est dit que cet habillage de roi était tout indiqué pour sa propre monture, avec quelques adaptations bien sûr.

La galerie Photo de l’exposition “Routes bleues”

* Kandinsky : si tu ne le connais pas, l’Homme en Bleu te conseille vivement de découvrir les œuvres de cet artiste russe du 19ème. Il est tout de même considéré, avec Picasso et Matisse, comme l’un des pères de l’art abstrait.

*Photo de couverture : Untitled (C-Series) Tarek al-Ghoussein, 2007 © Galerie The Third Line, Dubaï

Exposition « Les Routes Bleues »
Tarif : 3-4,5 €. Gratuit pour les moins de 26 ans, les enseignants, les accompagnateurs de groupe, les demandeurs d’emploi et les bénéficiaires du RSA.

Musée Adrien Dubouché
8, Place Winston-Churchill
05 55 33 08 50