Alors que l’édition régionale de Lire à Limoges approche à grand pas, L’Homme en Bleu est allé tailler la bavette avec l’une de ses invité.e.s : Sonia Fournet-Pérot, une nouvelle plume très rock’n roll qui a rejoint cette année la famille des Ardents Editeurs. Elle nous présente son premier roman : Datura Song.
LHEB : Bonjour Sonia ! Peux-tu te présenter, nous décrire un peu ton parcours ?
Sonia Fournet-Pérot : Je m’appelle Sonia Fournet-Pérot, je suis enseignante-chercheuse à la Faculté des Lettres et Sciences Humaines en espagnol et en linguistique. J’ai fait toutes mes études dans la région et j’ai eu la chance de trouver un poste dans la région aussi, et j’en suis très contente.
LHEB : Quels sont tes auteurs fétiches, tes lectures fétiches ?
S.F-P : Je suis passionnée de tout ce qui est littérature de l’imaginaire, que ce soit fantastique, fantasy, S.F. un peu moins, mais S.F. quand même. Mes auteurs fétiches, ce sont Tolkien et Stoker. Ce sont ceux que je cite en priorité parce que ce sont ceux que j’ai découverts quand j’étais ado et qui m’ont plongée dans cet univers. Plus jeune, j’étais fan de policier/polar, que je dévorais, et quand je suis tombée dans le fantastique, ça a été une évidence. Par la suite, il y a eu aussi Edgar Allan Poe, qui m’a encore ouvert d’autres perspectives. Et puis des choses peut-être beaucoup plus populaires entre guillemets. Toute la série des Eragon, Entretien avec un vampire d’Anne Rice… Même encore aujourd’hui, je continue à dévorer. La dernière série que j’ai dévorée en deux semaines c’est celle de Patricia Briggs, Mercy Thompson. Je pourrais encore en citer et ne plus m’arrêter.
C’est l’histoire d’une trentenaire […] plutôt singulière. […] Elle a un don, on le sait dès les premières pages du livre, un don un peu spécial […] Un jour de rentrée universitaire, elle apprend la mort d’un de ses meilleurs étudiants dans des circonstances on ne peut plus étranges. A partir de là, elle va se retrouver entraînée, un peu contre son gré, dans une série d’autres meurtres.
Sonia Fournet-Pérot
LHEB : Si on se tourne maintenant du côté de l’écriture, quand as-tu commencé à écrire ? Qu’est-ce qui t’a donné envie ? Est-ce que tu as écrit d’autres choses ?
S.F-P : Quand j’étais ado, j’adorais écrire de la poésie. J’en ai écrit des cahiers. Je ne les ai jamais publiés. Avec les études, j’ai commencé à en écrire de moins en moins. J’ai fait de longues études, énormément de travail, des lectures obligatoires, alors je me consolais parfois avec les auteurs de fantastique latino-américains, comme Cortázar, Borges… ; ça m’a un peu aidée à tenir le coup, mais je n’ai pas eu beaucoup d’occasions de continuer à lire ce qui me plaisait et d’écrire à ce moment-là. Une fois que j’ai été en poste, on m’a demandé d’écrire, mais des articles ou des ouvrages scientifiques. J’en ai écrit beaucoup, mais il y a eu un moment où l’envie d’écrire autre chose a repris le dessus. Il fallait que ça sorte, donc c’est sorti.
LHEB : Entrons dans le vif du sujet ! Peux-tu nous parler de ton premier roman Datura Song, nous raconter un peu de quoi ça parle ?
S.F-P : C’est l’histoire d’une trentenaire, maître de conférences à la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de Limoges, très originale, plutôt singulière, on va dire. Déjà, elle est tatouée de la tête aux pieds, ce qui n’est pas forcément très courant dans le domaine universitaire, je suis bien placée pour le savoir. Et puis elle a un don, on le sait dès les premières pages du livre, un don un peu spécial qui est de sentir au simple contact toutes les émotions voire les pensées des personnes qu’elle rencontre. Un jour de rentrée universitaire, elle apprend la mort d’un de ses meilleurs étudiants dans des circonstances on ne peut plus étranges. A partir de là, elle va se retrouver entraînée, un peu contre son gré, dans une série d’autres meurtres. Elle va faire équipe avec un policier avec lequel ça ne va pas forcément bien se passer au départ.
Je ne travaille qu’en musique, et pas avec de la petite musique douce. C’est-à-dire que c’est du bon gros rock, du bon gros metal. J’écris en rythme, en fait, c’est ce qui me motive.
Sonia Fournet-Pérot
LHEB : Pourquoi avoir choisi d’ancrer ton roman dans le Limousin ?
S.F-P : La raison, c’est que je m’y sens super bien. Ça peut paraître bizarre de dire ça mais en fait j’ai un côté assez ours. J’ai une maison au milieu de nulle part avec pas grand chose autour et ça me convient très bien. C’est une région qui me convient bien, j’ai grandi ici, je n’ai pas envie de partir ailleurs, et le Limousin n’est pas souvent mis à l’honneur, je trouve. On le considère à tort comme “le trou du cul du monde”. J’avais vraiment envie de rendre hommage à la région que je trouve magnifique et dont on ne fait pas assez l’éloge en général.
LHEB : Si on s’attarde un peu sur les personnages, j’ai l’impression qu’il y a quand même une grosse part autobiographique dans le personnage d’Ethel…
S.F-P : Alors… oui et non, majoritairement. Non pour beaucoup de choses, parce que ça reste tout de même une fiction. Ce qui est sûr, c’est que quand je me suis mise à écrire, au départ je ne savais pas comment commencer. Donc je me suis inspirée, comme beaucoup d’auteurs, de ce que je connaissais, et ce que je connaissais le mieux c’était mon boulot. Pour ce qui est des tatouages, moi aussi je suis très tatouée mais ce ne sont pas les mêmes qu’elle, donc ce n’est pas la même symbolique. La part autobiographique en fait, elle s’arrête là. C’est vraiment le boulot, le pan que j’ai utilisé, le pan professionnel. Après le reste…
Je suis passionnée de tout ce qui est littérature de l’imaginaire, que ce soit fantastique, fantasy, S.F. un peu moins mais S.F. quand même. Mes auteurs fétiches ce sont Tolkien et Stoker. Ce sont ceux que je cite en priorité parce que ce sont ceux que j’ai découverts quand j’étais ado et qui m’ont plongée dans cet univers.
Sonia Fournet-Pérot
LHEB : Même au niveau caractère, il n’y a pas des petits trucs ?
S.F-P : Si bien sûr au niveau caractère, il y a ce côté un peu tranché. Il y a des éléments qui viennent de moi, forcément, mais beaucoup de traits de caractère viennent d’autres personnes, et de mon imagination aussi.
LHEB : Tes autres personnages sont-ils inspirés de personnes de ton entourage ?
S.F-P : Oui, mais pas d’une personne en particulier. C’est-à-dire que le personnage d’Iris, par exemple, c’est un assemblage de plusieurs amies à moi. J’ai retenu des caractéristiques sans me focaliser sur une personne en particulier, il n’y en a aucune qui peut vraiment se reconnaître dedans. C’est un combo de personnes. Pour les étudiants, c’est pareil, je me suis inspirée de fragments mais je ne fais référence à aucun étudiant en particulier.
LHEB : Du coup, j’imagine qu’ici, ils doivent savoir que tu as écrit un livre…
S.F-P : Alors c’est encore un peu confidentiel. Je l’ai dit à mes étudiants de deuxième et troisième année parce que je préférais leur dire plutôt qu’ils l’apprennent autrement, mais après, comme là on est à la fin de l’année, une année très compliquée, à moitié en télétravail, on prévoit plutôt une sortie « officielle » à la fac au mois de septembre.
LHEB : Est-ce que tu as déjà eu des réactions, des retours ?
S.F-P : Pour l’instant je leur ai juste annoncé là, donc ils ne l’ont pas encore lu…
Le Limousin n’est pas souvent mis à l’honneur, je trouve. On le considère comme “le trou du cul du monde”. J’avais vraiment envie de rendre hommage à la région que je trouve magnifique et dont on ne fait pas assez l’éloge en général.
Sonia Fournet-Pérot
LHEB : Est-ce que tu peux nous raconter un petit peu comment ça s’est passé pour l’écriture du livre ? Est-ce que tu te mettais dans des conditions particulières pour écrire, par exemple ?
S.F-P : La période de la journée, ça pouvait être n’importe quand, jusqu’à très tard le soir. Pour les conditions particulières, je ne travaille qu’en musique, et pas avec de la petite musique douce. C’est-à-dire que c’est du bon gros rock, du bon gros metal. J’écris en rythme, en fait, c’est ce qui me motive. Il y a des paroles de chansons qui sont citées régulièrement dans le livre. Quand j’écoute une chanson, il y a les paroles qui arrivent et moi ça m’inspire à ce moment-là, même si je ne les utilise pas forcément dans le sens qu’elles ont dans la chanson. Ça fait partie de mon écriture. Quand les paroles me viennent d’elles-mêmes au moment où j’écris, je mets la musique en question et je continue à écrire avec cette musique-là dans la tête. Mais ça, ça ne date pas d’aujourd’hui, même mes articles scientifiques je les écris musique à fond. Je ne sais pas travailler sans musique.
LHEB : Avant de conclure, la question qui me brûle les lèvres depuis que j’ai fini le livre ! Y aura-t-il un tome deux ?
S.-F-P : J’espère que ça va te faire plaisir, du coup…La deuxième partie, je l’ai écrite. Mais pour l’instant on en est encore à la première. Pour la deuxième, il faut que je voie avec l’éditeur si ça lui convient. J’ai même déjà des idées pour une troisième partie éventuellement.
LHEB : En dehors de cette potentielle série, as-tu d’autres projets d’écriture ?
S.F-P : J’avais écrit des petits contes. J’avais appelé ça « contes psychotiques ». Ce ne sont pas des contes d’horreur mais ce sont des contes bizarres, je ne sais pas comment le dire autrement. Ça reste un projet. Pour l’instant je suis vraiment centrée sur Datura Song et ses éventuelles suites. Moi aussi, quand j’ai mis le point final, je me suis dit que ça ne pouvait pas finir comme ça, je n’arrivais pas à terminer, je me suis dit qu’il fallait que j’écrive la suite. Donc je suis encore là-dessus. Il faut que ça décante.
LHEB : Merci Sonia !
Pour dévorer le bouquin, c’est par ICI.
Datura Song, un livre sorti chez les Ardents Editeurs.
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