L’Homme en Bleu a troqué sa traditionnelle blouse bleue pour une blouse blanche le temps d’une rencontre au CHU de Limoges.
Pas de stress, l’Homme en Bleu n’a aucun problème. Non, il avait juste envie d’en savoir plus sur une équipe d’une quinzaine de chercheurs pluri-disciplinaires qui ont découvert un truc sympa qui pourrait devenir une réelle avancée dans le monde médicale.
Il a donc pédalé jusqu’aux portes de l’hôpital et il a discuté un peu avec Catherine Yardin, la co-directrice de cette équipe de chercheurs d’un nouveau genre.
LHEB : Bonjour Catherine Yardin. Première question toute simple mais importante, Qui êtes-vous ?
Catherine : Bonjour, je suis Catherine Yardin et j’ai trois casquettes. Je suis d’abord professeur à la faculté de médecine. J’enseigne pour différentes années. J’ai une deuxième casquette à l’hôpital car je suis chef du service génétique et j’ai dernière casquette de recherche car je suis co-directrice d’une équipe de recherche que l’on a fondé en duo avec le physicien du laboratoire XLim, le docteur Philippe Lévêque.
LHEB : Vous avez toujours travaillé dans le domaine de la génétique ?
Catherine : J’ai un parcours particulier car à la base, je suis neurologue. Mais après mon internat, je suis allé en génétique et j’ai commencé à m’intéresser aux chromosomes et je suis resté dans ce domaine.
LHEB : Mais la génétique, c’est quoi ?
Catherine : La génétique, c’est l’étude d’un caryotype (un arrangement d’une prise de vue microscopique de l’ensemble de nos chromosomes). Cette étude nous permet ensuite de voir s’il y a une anomalie chromosomique ou pas. C’est mon travail à l’hôpital. C’est donc par mon service que passe la plupart du temps, les diagnostics des maladies.
LHEB : Et donc Comment passe t-on des chromosomes aux “Nanopulses” ?
Catherine : Au départ, Philippe Lévêque cherchait des biologistes pour bosser sur les ondes magnétiques des téléphones portables pour voir si cela avait un effet sur les cellules et sur la santé humaine. Mais, on était chacun de notre côté et au bout d’un moment, l’ennui est arrivé donc nous avons réfléchi à travailler sur les “nanopulses”, des ondes de courtes durées qui par le passé avait démontré qu’elles pouvaient casser la membrane d’une cellule. Il a donc mis au point un système qui permettait d’envoyer des “nanopulses” à plus haute intensité, avec l’idée que cela pouvait causer des dégâts plus importants.
LHEB : Et … ?
Catherine : Nous avons pu voir que cela avait un effet délétère sur les cellules et que cela les tuait tout simplement. Forcément, on s’est dit qu’il fallait tester ça sur des cellules l’on veut faire mourir : les cellules cancéreuses.
LHEB : concrètement, comment peut-on “tuer” une cellule ?
Catherine : La “nanopulse” est tellement puissante que l’onde va aller jusqu’à l’intérieur de la cellule et va toucher certains des ses organites (structures internes qui composent la cellule) ce qui va la pousser à s’auto- détruire » en quelque sorte pour ne pas contaminer les autres cellules autour.
En résumé, la “nanopulse” permet à la cellule de se rétracter et en se rétractant, elle s’auto-détruit. La “nanopulse” permettrait donc de cibler le plus possible les cellules malades.
LHEB : Quel est le challenge après ?
Catherine : C’est d’arriver à cibler réellement les cellules cancéreuses. Le but est de détruire les cellules cancéreuses mais de laisser intact les autres à coté. Il faut être sur. Mais a priori, comme la cellule s’auto-detruit, les autres ne sont pas touchées.
LHEB : L’objectif, c’est de pouvoir utiliser les “nanopulses” sur l’humain?
Catherine : On espère que d’ici quelques années, on pourra aller jusqu’à l’être humain. Déjà sur les cellules in vitro (des cellules de cultures), les résultats sont bons. Là, on a commencé à travailler sur les souris. Après, on a fait le choix de cibler un type de cancer, la carcinose péritoneale. C’est lorsque des métastases envahissement tout le péritoine. A l’heure actuelle, on a du mal à traiter ce type de cancer. Donc autant faire des tests sur ce genre de maladie que l’on arrive pas à soigner.
LHEB : C’est ce groupe de recherches pluridisciplinaire qui a permis cette avancée ?
Catherine : Au fil du temps (car cela fait 12 ans que Catherine et Philippe travaille ensemble), on s’est rendu compte qu’en mettant en commun plusieurs compétences et différentes expertises, on pouvait aboutir à faire avancer la recherche. C’est une vraie innovation car aujourd’hui, il n’y a pas d’autres équipes de ce type en France. L’hôpital et l’université ont joué le jeu.
LHEB : Et le limousin dans tout ça, pourquoi y être restée à la fin de vos études ?
Catherine : C’est la terre des mes ancêtres (rires). Non, c’est pour plusieurs raisons. J’ai ma famille ici donc il y avait cet attachement. Ensuite, le CHU je le connais car j’ai fait toutes mes études là-bas, et je pense qu’il faut le défendre et qu’il faut rester ci pour assurer à la population locale un système de santé à la hauteur. Et pour finir, le limousin, j’y suis née, je m’y sens bien et je pense que les personnes du Limousin valent le coup d’être connues.
LHEB : POURQUOI on s’y sent bien ?
Catherine : Il y a une qualité de vie extraordinaire par rapport à d’autres villes. Limoges, on peut habiter à la campagne tout en étant à 10 minutes de la ville. On a un côté humain ici, on est proche de la nature. En Limousin, même si on reste un peu bourru, il y a une certaine solidarité que l’on ne trouve pas dans les grandes villes. Le contact est plus facile chez nous et on est plus ouvert aux problèmes de autres selon moi.
LHEB : Mais qu’est ce qui n’est pas bien ?
Catherine : Le fait que l’on ne puise pas être anonyme. On ne peut pas se fondre dans la masse car on tombera toujours sur quelqu’un que l’on connait. Limoge c’est un village. C’est sympathique car l’on croise toujours des gens que l’on connait mais en même temps pour certaines personnes cela peut être désagréable. Mais moi, ça ne me gêne pas plus que ça.
LHEB : enfin plutôt limousin ou nouvelle aquitaine ?
Catherine : En Médecine, on est encore plus Limousin et on essaye de défendre et garder notre CHU car en face de nous, on a des grands requins.
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