Connue par le grand public pour ses chroniques à France Inter, Constance est une comédienne et humoriste qui nous fait rire et grincer des dents à la fois grâce à un répertoire corrosif, mettant en scène une myriade de personnages caricaturaux mais criant de vérité dans son dernier spectacle “Pot Pourri”.
L’Homme en Bleu a eu l’occasion de converser avec elle dans le cadre de sa future venue en Limoumou le mercredi 18 mars au MDR Festival.
Conversation.
LHEB : Bonjour Constance, ASV* ?
Constance : Je tiens à préciser avant tout que je ne suis pas du tout geek donc j’espère qu’il n’y aura pas d’autres questions de la sorte ! *rires*
Sinon j’ai 35 ans, je suis une fille et je suis née à Compiègne.
LHEB : Comment avez-vous découvert votre vocation d’humoriste ?
Constance : J’ai toujours voulu être comédienne. J’ai donc naturellement fait une formation au conservatoire d’art dramatique à Lille, et assez rapidement j’ai réalisé que j’avais un tempérament comique de part ma personnalité décalée.
C’était l’opportunité d’exploiter ce trait de caractère pour créer des spectacles et depuis cela me suit.
LHEB : Quand est-ce que vous avez officiellement débutée en tant qu’humoriste ?
Constance : J’ai commencé à 20 ans avec mon premier spectacle intitulé “Je suis une princesse bordel”. Cela fait déjà 15 ans et aujourd’hui j’en suis à mon cinquième spectacle.
Je suis ravie de pouvoir continuer à construire ce type de spectacle car le format “seule en scène” me rend assez heureuse.
LHEB : En tapotant sur les internets, j’ai cherché la signification du prénom Constance. Il s’agit d’un prénom d’origine latine que l’on peut traduire littéralement par “persévérance”. Doit-on être persévérante pour épouser la carrière d’humoriste ?
Constance : C’est peu de le dire ! Mais de manière générale il faut être pugnace dans la vie pour atteindre ses aspirations et être heureux. C’est un métier qui est loin d’être facile mais la satisfaction qu’il m’apporte me comble. Il arrive que l’on rencontre des difficultés, je pense notamment aux nombreux humoristes qui ne réussissent pas à mettre en lumière leurs talents, c’est devenu plus difficile qu’il y a 10 ans.
Après pour ma part la reconnaissance dans le métier n’est pas forcément une fin en soi, le plus important c’est la liberté et pouvoir vivre de l’humour c’est déjà très satisfaisant.
LHEB : Vous faites partie de cette génération de femmes à l’instar de Blanche Gardin qui assume de proposer au public un humour piquant et parfois trash. N’est-il pas plus difficile de proposer ce genre de répertoire quand on est une femme ?
Constance : Je tiens à dire déjà que ce n’est pas une stratégie ou un positionnement en tant que femme ou en tant que personne qui aime faire de l’humour corrosif. J’ai toujours eu ce sens de l’humour qui me correspond et je souhaite seulement le partager au plus grand nombre.
J’essaye juste de divertir les gens qui partagent le même sens du rire, peu importe pour le reste.
Concernant la présence plus importante des femmes dans la comédie et/ou l’humour, c’est juste un reflet de l’évolution de la société, où de nombreux secteurs d’activités qui étaient exclusivement masculins et se décloisonnent enfin.
LHEB : On vous découvre pour la première fois à la télévision lors d’un reportage France 3 Picardie où l’on vous découvre enfant en train d’interpréter une pièce de théâtre sur un poney ! Quel souvenir de ce début de carrière dans la comédie et avez-vous des nouvelles du canasson ?
Constance : Malheureusement je crois que le poney est décédé depuis mais je vous rassure, elle a eu une belle et longue vie ! A l’époque, ça se déroulait chez ma tante qui avait un poney-club.
C’est assez mignon de se revoir toute petite et ça me conforte aussi dans mon statut d’aujourd’hui. On constate déjà à l’époque que j’avais la tête dure et que je savais déjà au fond de moi ce que je voulais faire !
LHEB : Le grand public vous a découvert grâce à vos prestations dans l’émission “On ne demande qu’à en rire” présenté par Laurent Ruquier sur France 2, qu’avez-vous retirer de cette expérience ?
Constance : C’est indéniablement une belle expérience, une belle vitrine et un bel accélérateur de carrière !
J’y suis resté pendant deux ans, ce ne fût pas de tout repos car il fallait beaucoup écrire pour enchaîner les sketchs. Mais c’est l’entraînement idéal pour tout humoriste qui souhaite aiguiser sa créativité !
C’est sans aucun doute la période de ma vie où j’ai eu à écrire le plus de sketchs.
LHEB : On vous retrouve aujourd’hui sur France Inter où vous proposez des chroniques dans l’émission “Par Jupiter“. On se pose une question très importante : Qui est le plus sympa dans l’équipe ?
Constance : *rires* Figurez-vous qu’ils sont très sympas tous les trois ! [NDLR : Charline Vanhoenacker, Alex Vizorek et Guillaume Meurice]. Sincèrement je suis très heureuse de travailler avec eux car j’avais besoin de me rattacher à une équipe très humaine et bienveillante dans le travail.
Ce sont de gros bosseurs et ce sont des gens vraiment chouettes !
LHEB : Le 28 août 2018 dans l’émission “Par Jupiter”, vous avez fait tomber le haut lors d’une chronique intitulée “Parlons balcon, parlons nichons”. Cela a eu pour conséquence de mettre en ébullition les réseaux sociaux quelques jours après.
Pourquoi d’après vous cela a tant choqué et si c’était à refaire, le referiez vous de la même manière ?
Constance : Ça a surtout choqué les gens fermés d’esprits et frustrés ! Cela a dû les mettre face à leurs propres problèmes d’où leur agacement.
Si c’était à refaire, je le referait complètement car cela prouve que c’est encore un sujet sensible et il y a un cruel besoin de faire évoluer les mentalités sur notre relation au corps. [NDLR : La place de la poitrine dans l’espace public, une chronique réalisée au lendemain de la “journée mondiale du topless”]
Malgré tout, je pense que la majorité des gens ont compris le message derrière cette chronique.
LHEB : Est-ce que cet événement a changé votre regard sur les réseaux sociaux ?
Constance : Heureusement que j’avais déjà eu de l’expérience à la télé auparavant qui m’a permis de réaliser qu’après chaque apparitions on recevait une pluie de commentaires nocifs et agressifs.
Il est vrai cependant qu’après cette chronique, j’ai subi du harcèlement en masse les 15 jours qui ont suivi.
Aujourd’hui je prend beaucoup plus de recul vis à vis de tout cela, j’accepte le fait de recevoir des critiques parfois violente si je fait une chronique clivante et il faut se dire que ces personnes là ne sont heureusement pas le reflet général de l’audience qui peut nous écouter.
LHEB : Parlons de votre spectacle “Pot Pourri”, pouvez-vous nous le présenter comme si j’étais un enfant de 8 ans ?
Constance : Alors je n’ai pas un feeling incroyable avec les enfants, mais je vais faire de mon mieux ! *rires*
Pot Pourri c’est un spectacle avec une dizaine de personnages qui défilent tout au long du spectacle.
Des personnages, attachants ou énervants qui partagent en commun la mauvaise foi et la névrose.
Les costumes sont aussi importants sur scène que la lumière, la mise en scène, la musique ou encore le texte !
Constance
Des personnages haut en couleurs que vous avez probablement déjà croisés au moins une fois dans votre vie et on rit d’eux ensemble car ils sont ridicules, mais aussi parce qu’ils sont un miroir de nos propres personnalités !
LHEB : Vous aimez beaucoup vous déguiser sur scène pour incarner cette galerie de personnages, c’est important d’être “dans la peau” de ces personnages pour réussir à les interpréter ?
Constance : Je pense que c’est un héritage de ma formation du théâtre qui m’a donné cet amour pour les costumes et les tissus. Les costumes sont aussi importants sur scène que la lumière, la mise en scène, la musique ou encore le texte !
Il s’agit aussi d’aider le spectateur à s’intéresser à ces personnages, de se les approprier par leurs discours, mais aussi par leurs tenues !
LHEB : Et dans cette myriade de personnages, en avez-vous un qui est votre chouchou ?
Constance : Sans aucun doute c’est celui de “la mère culpabilisatrice” *rires*. C’est un sketch où l’on découvre une mère discuter à son fils et elle va lui reprocher pleins de choses ignobles mais avec la voix protectrice et rassurante d’une bonne mère.
Un personnage cynique et épouvantable assez caustique qui met en relief cette société où l’on doit toujours faire attention à ce que l’on dit ou ce que l’on fait sous peine d’être jugé par le tribunal populaire de la pensée !
LHEB : Au fait, c’est quoi la différence entre un “bon” et un “mauvais public” ?
Constance : Je dirais que le public est “bon” ou “mauvais” selon la prestation de la personne qui est sur scène, non ? *rires*
Plus sérieusement, tout est une question d’affinités et de sensibilités, tout le monde n’aime pas le même genre d’humour et heureusement.
Par contre, il est important comme beaucoup de choses dans la vie, de se forger une opinion en allant voir des spectacles avant de les juger.
Je me surprend moi-même à aller voir des spectacles d’humoristes qui ne vont pas forcement me faire rire alors que toute la salle est morte de rire !
Cela me permet d’analyser pourquoi telles choses me font rire et pourquoi d’autres non, c’est un peu comme de la sociologie finalement.
LHEB : Pour conclure, que peut-on te souhaiter pour la suite ?
Constance : D’être heureuse, c’est déjà un objectif assez ambitieux !
LHEB : Merci Constance !
Crédit photo de couverture : Josette prod.
ASV* : Âge, Sexe, Ville; acronyme populaire des tchats en ligne dans les années 2000.
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