L’Homme en bleu adore le vintage, mais le dimanche matin, il préfère chiller dans son canapé que chiner dans les vides-greniers ! Heureusement, les brocanteurs sont là pour dénicher la perle rare, la restaurer, et la vendre sur le web. Interview croisée avec Karène de La Petite Chaise Rouge (Razès) et Ludovic, alias Mr Hattimer (Limoges), deux néo-brocanteurs.
Votre parcours
Karène : J’étais assistante commerciale, je travaillais le samedi et à la naissance de ma fille, je me suis dit que je ne pouvais plus continuer comme ça, dans un métier « classique ». Chiner, c’était ma passion. Enfant, je chinais aux puces avec mon père. J’adorais cette ambiance, farfouiller dans les stands… Adulte, je me suis mariée avec un passionné aussi ! Dans notre premier appart’, on avait décoré un bureau façon Sherlock Holmes, un séjour style colonial. Maintenant on a un salon sixties. Alors quand j’ai décidé de créer mon activité, en 2015, c’était celle-là, évidemment.
Ludovic : J’étais agent de sécurité incendie dans une boîte où cela ne se passait pas bien. J’avais envie d’autre chose. Sur mon temps libre, je chinais pour décorer mon appart’. Tellement que je n’avais plus de place ! Je devais remplacer des pièces par des nouvelles, alors j’ai commencé à en vendre. Je me suis rendu compte que j’étais capable de faire une plue-value, et que chez les autres brocanteurs, il n’y avait pas forcément ce qui me plaisait. Je ne voulais pas repartir dans un boulot classique alors, poussé par les copains, je me suis lancé en 2013.
Votre style
Karène : on est nombreux sur le net ! Alors c’est important de se différencier, d’avoir son propre style. Moi c’est rétro-chic, assez féminin, avec beaucoup de petites pièces, notamment de la vaisselle Digoin Sarreguemines. J’ai beaucoup de rotin, car c’est un must-have, toujours du scandinave, un peu moins de seventies et de plus en plus d’art déco, une tendance qui revient en force avec les fauteuils crapauds et les objets dorés.
Ludovic : ma baseline c’est : « je chine tout ce qui entre dans une maison des années 20 à aujourd’hui », mais principalement du mobilier, peu de bibelots, je suis plutôt fonctionnaliste. Et j’essaie de privilégier les pièces intemporelles, inspirées par les designers emblématiques (Pierre Guariche, Charlotte Perriand, Le Corbusier)… J’ai des chaises Bauman, Starck, Thonet, Tapiovaraa…
Le sens de votre métier
Karène : Ce n’est pas juste de l’achat-revente : il faut avoir une bonne connaissance du produit, reconnaître les designers, j’ai passé des nuits à apprendre ! Et puis nous réparons, réhabilitons. J’ai même appris à réparer du rotin ! C’est aussi un engagement dans l’économie circulaire et l’écologie. Contrairement à une armoire neuve de grande surface de meubles, une armoire ancienne est beaucoup plus durable. Et j’utilise au maximum des produits éco-responsables pour le nettoyage et la réparation.
Ludovic : Après ma précédente expérience professionnelle, j’avais vraiment envie de me lever le matin pour un métier qui a du sens, une forme d’éthique. Etre brocanteur, c’est réhabiliter pour donner une seconde vie, une nouvelle modernité à un meuble ancien. Au début, je n’y connaissais rien sur le design et les styles, mais j’ai énormément lu pour me former. C’est un métier enrichissant car on continue toujours d’apprendre.
Votre clientèle
Karène : 80 % de mes clients sont à Paris, plus Lyon et Bordeaux. Mais les limougeauds aussi peuvent acheter sur mon site et venir chercher sur place à Razès.
Ludovic : Ma principale clientèle est à Limoges, mais aussi Paris et Bordeaux. Dernièrement, j’ai envoyé une pièce à Londres. Je vais ouvrir une boutique en ligne donc ma clientèle va certainement s’élargir géographiquement.V
Où acheter vos produits ?
Karène : J’ai une boutique en ligne, dans lequel je mets les nouveautés tous les mardi à 21h. Les habitués les attendent ! Toute la semaine avant, je fais du teasing sur Instagram, qui est mon principal vecteur de communication (NDLR : elle a plus de 8000 abonnés sur son compte !). Je mets en scène mes produits pour les prendre en photo, dans un espace dédié que j’ai aménagé dans ma véranda. Il me reste encore à faire des travaux dans la grange où j’ai mon stock et mon atelier.
Ludovic : J’ai commencé à vendre dans l’ancienne galerie le Huit-Sept. A l’époque je n’avais pas d’endroit où stocker ! Puis j’ai trouvé ce loft, qui me sert d’appart’, de show-room et d’atelier, et dans lequel je reçois sur RDV. On trouve mes pièces principalement à La Capsule Galerie et à La Giraffe à Limoges, et sur le site Selency. Je les mets aussi sur Instagram et sur mon site web, qui deviendra un site marchand d’ici septembre.
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